COMMENT LA BELGIQUE VA SE PASSER DU NUCLÉAIRE

L’atome produit plus d’un tiers de l’électricité belge. D’ici 2025, il sera remplacé par un mix renouvelable et gaz naturel. Lors d’une conférence ce 1er octobre à l’ULB, le professeur Michel Huart expliquera notamment que cette transition énergétique n’impactera pas forcément votre facture.

À en croire les dernières statistiques annuelles de la Fédération belge des entreprises électriques et gazières (Febeg), le nucléaire représentait l’an dernier en Belgique 39 % de la production d’énergie totale. L’énergie fossile, 35 %. Ensemble, les sources renouvelables (hydro, éolien, solaire, biomasse) atteignaient un quart de la production totale d’énergie électrique. Jusqu’en 2016, selon les données Eurostat, la part du nucléaire était en moyenne de 50 %. Lors d’une conférence ouverte gratuitement au public baptisée « Transitions énergétiques et développement durable » et organisée à l’ULB ce mardi 1er octobre à partir de 18h15, les professeurs du Centre d’études du développement durable de l’université bruxelloise Edwin Zaccai et Michel Huart feront le bilan sur la situation.

Sortir du nucléaire est-il réellement possible dès aujourd’hui en Belgique? Michel Huart répond en insistant sur le caractère supranational de l’énergie. « On est dans un réseau international à échelle européenne. Ces flux s’orientent en fonction des lieux de production et de consommation. On a de l’électricité consommée en Belgique produit dans les pays voisins et inversement. » Le monde politique s’est exprimé dès 2003 pour une sortie du nucléaire. « Cette décision est toujours d’application avec 2025 comme échéance, confie le professeur par ailleurs gestionnaire « Énergie » de l’université. La question est de regarder comment s’y prend la Belgique pour mettre en œuvre la sortie du nucléaire prévue pour 2025 ? L’opérateur de l’équilibre du réseau ELIA confirme que l’équilibre peut être assuré dès 2025. Le réseau doit cependant évoluer au travers de 4 dimensions principales: l’augmentation des capacités d’interconnexions, de la flexibilité, la maîtrise de la demande en énergie et l’augmentation des capacités de production renouvelables. »

L’énergie pas forcément plus chère

La sortie du nucléaire impliquera-t-elle forcément une hausse des prix? L’expert répond: « Les centrales nucléaires n’ont pas une durée de vie infinie. Elles sont en fin de vie et il faut les remplacer. Ce remplacement implique des investissements que l’on garde l’option nucléaire ou pas. Il n’est pas juste de dire que le nucléaire sera l’option la plus économique. Le marché de l’électricité est complexe. » Michel Huart réfute en effet l’idée que le seul moyen de faire de l’électricité belge en quantité suffisante et à un prix raisonnable est l’atome. « Les interconnexions entre États membres européens sont le garant d’une sécurité d’approvisionnement et de prix raisonnable. L’enjeu est de continuer à installer des capacités électriques renouvelables (éolien et solaire principalement) combinées à des unités flexibles (gaz naturel, stockage et gestion active de la demande).« 

Lors de la conférence du 1er octobre, les professeurs du Centre d’études du développement durable de l’ULB seront accompagnés par d’autres pointures de l’énergie en Belgique comme Damien Ernest de l’ULiège et Jean-Pascal van Ypersele de l’UCLouvain. Le 2 octobre 2019, dans le cadre du projet « Par « , 1 million d’étudiants à travers le monde participeront en outre à une action collective sensibilisation aux objectifs de durabilité de l’énergie.

Par Nicolas Sohy, publié le 26/09/2019

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