LA CENTRALE NUCLÉAIRE DE CIVAUX ÉPINGLÉE SUR LA MAINTENANCE

L’Autorité de sûreté nucléaire épingle la centrale de Civaux sur la baisse de qualité de maintenance des deux réacteurs, qui dégrade leur niveau de sûreté.

L’Autorité de sûreté nucléaire a dévoilé hier ses appréciations concernant les deux centrales (le Blayais et Civaux) qui dépendent de la division de Bordeaux. Le bilan 2018 n’est pas élogieux pour Civaux. Ses performances « en matière de radioprotection et de protection de l’environnement rejoignent globalement l’appréciation générale que l’ASN porte sur EDF, mais […] ses performances en matière de sûreté nucléaire sont en retrait par rapport à cette appréciation générale ».

“ La qualité de la maintenance s’est dégradée par rapport aux années précédentes ”

L’ASN pointe en particulier la maintenance des installations : « Au cours des arrêts pour maintenance des réacteurs 1 et 2, l’exploitant a mis en évidence de nombreuses lacunes dans la préparation, la planification et la réalisation d’activités de maintenance sur des matériels importants pour la sûreté. Ces difficultés ont conduit à des non-qualités de maintenance, que le site a depuis corrigées. […] La qualité de la maintenance s’est dégradée par rapport aux années précédentes. EDF n’a pas suffisamment tiré les enseignements de l’arrêt pour maintenance de 2017. »
Cette évaluation repose sur les déclarations de dysfonctionnement et sur les 21 inspections réalisées en 2018 « qui donnent lieu à des actions correctives », précise Bertrand Frémaux, chef du pôle réacteurs à eau sous pression de l’ASN. Le recours à la sous-traitance n’est pas directement en cause estime-t-il : « L’exploitant doit assurer le niveau de qualité de la sous-traitance et cette surveillance a été satisfaisante en 2018. Il n’y a pas de lien direct entre cette surveillance et la qualité du geste technique. Les raisons sont multiples. »

Les opérations de conduite des réacteurs, qui avaient valu un carton jaune à la centrale en 2013, sont désormais « globalement menées avec rigueur, indique l’ASN, mais le site doit encore faire des efforts dans ce domaine ».

Des travaux ont aussi été réalisés, à la demande de l’ASN, sur le réseau d’écoulement des eaux de pluie, afin de protéger la rivière Vienne d’une éventuelle pollution. L’efficacité de ces modifications sera évaluée en 2020 lors d’un exercice.

Tritium dans la Loire.

L’ASN n’a pas identifié l’origine du tritium détecté à des concentrations anormales (310 Bq/litre) dans la Loire, à Saumur, en janvier dernier. Des associations avaient révélé les résultats et alerté : « Nous avons enquêté sur les rejets des centrales en amont, mais les investigations n’aboutissent à rien, il n’y a pas de fuite connue, indique Bertrand Frémaux. Cette teneur reste inexpliquée, ce qui ne nous convient pas. Nous allons faire de nouvelles mesures. » « La teneur reste très loin de la limite des 10.000 Bq/l recommandée par l’Organisation mondiale pour la santé, a précisé Hermine Durand, cheffe de la division de Bordeaux de l’ASN, il n’y a pas d’impact sanitaire. »

L’incident du 25 août classé niveau 1

L’arrêt accidentel du réacteur n° 1, le 25 août, devrait être déclaré en événement de niveau 1, a annoncé l’ASN, qui attend d’ici un mois les conclusions d’EDF sur cet incident, dans lequel un salarié est mis en cause : « Cet opérateur a pris l’initiative, en transgressant les règles, de réaliser un test sur l’alimentation électrique d’un système défaillant [alors que le réacteur était en fonctionnement], a précisé hier Bertrand Frémaux, chef du pôle réacteurs à eau sous pression de l’ASN. Il s’est malheureusement trompé de relais et a déclenché un système de sauvegarde, entraînant la fermeture d’une vanne entre le générateur de vapeur et la turbine. Il y a eu un coup de bélier, sans dommage heureusement pour l’installation, et l’arrêt automatique du réacteur. Ce sont des conséquences lourdes. En sûreté nucléaire, on n’en reste pas aux actes individuels. Il y a eu un contexte, des causes d’organisation qu’on ne connaît pas encore, qui ont amené cette personne, pourtant soumise à des règles strictes, à faire cet acte. »

Par Sébastien KEROUANTON, (@la_nr_sebastien ),  Journaliste, rédaction de Montmorillon, publié le 02/10/2019 à 04h55, mis à jour le 02/10/2019 à 13h56

Photo en titre : La qualité de la maintenance s’est dégradée entre 2017 et 2018, a constaté l’ASN. Ci-dessus, lors de l’arrêt du réacteur n° 2 en avril 2018.
© (Photo d’archives NRCP)

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