CE N’EST PAS L’ARENH MAIS L’EPR, LE VRAI BOULET POUR EDF

Analyse- Ce n’est pas tant la régulation du nucléaire qui bouche l’horizon d’EDF et empêche de fixer les bases d’une réorganisation, que son incapacité à mener un chantier EPR à terme sans dérapage de délais et de coûts, que ce soit en France à Flamanville, ou au Royaume-Uni à Hinkley Point.

Le projet Hercule de refonte du groupe EDF, voulu par le gouvernement, attendra. Non pas parce que les syndicats sont vent debout contre toute scission du groupe entre un « EDF bleu » nationalisé comprenant le nucléaire, l’hydroélectrique et le transport de l’électricité de RTE et un « EDF vert » avec les activités soumises à la concurrence, dont Enedis et les renouvelables.

Derrière le problème de l’Arenh

Si Jean-Bernard Lévy a gelé le projet, ce serait pour attendre le résultat de discussions avec Bruxelles sur la régulation du nucléaire, c’est-à-dire principalement l’évolution de l’Arenh. Ce mécanisme oblige EDF à vendre un quart de sa production nucléaire historique à 42 euros par MW à ses concurrents fournisseurs alternatifs (Engie, Total, direct Énergie…) qui le demandent. Lorsque les cours remontent, il empêche EDF de tirer tout le profit possible de sa production. La loi énergie climat, qui vient d’être votée, pourrait empirer les choses et réduire encore la visibilité du groupe sur ses rentrées financières. 

Les premiers dérapages à Hinkley Point

Pour autant, le vrai problème d’EDF n’est pas là. Ce qui oblige le groupe à repenser sa structure c’est autant sa dette de plus de 30 milliards d’euros, le mur d’investissements devant lui et son incapacité à financer le nouveau nucléaire. Rien de nouveau néanmoins. Mais ce qui bouche actuellement l’horizon d’EDF ce sont les chantiers d’EPR. En Angleterre, pour celui de Hinkley Point C, EDF vient d’annoncer un dérapage des coûts de 2,15 à 3,3 milliards d’euros et 9 à 15 mois de retard.

Et un chantier maudit à Flamanville

Pour des problèmes de soudures à refaire, l’EPR de Flamanville (Manche) ne sera lui pas en exploitation avant 2023, au lieu de 2020 aux dernières promesses. Sa facture gonfle encore de 1,5 milliard d’euros pour atteindre 12,4 milliards, plombant à la fois les comptes d’EDF pour encore trois ans sans apporter le moindre revenu… et obérant l’avenir du parc nucléaire français.

Par Aurélie Barbaux, publié le 11/10/2019 à 17H18

Photo en titre : Outre Flamanville, EDF a aussi annoncé un dérapage des coûts et du calendrier pour l’EPR d’Hinkley Point, au Royaume-Uni. © EDF

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