On en sait plus ce vendredi soir sur les bruits inquiétant entendus par de nombreux habitants de l’Aude dans la nuit de mercredi à jeudi. Il s’agissait bel et bien d’un exercice militaire de grande envergure. Secret défense.
Comme L’Indépendant l’a rapporté ce jeudi 30 janvier, de très nombreuses personnes ont entendu dans la nuit du 29 au 30 janvier dans le ciel audois, un « bruit grave lent et puissant… « Bizarre et effrayant ». Selon plusieurs témoignages déposés sur la page Facebook de L’Indépendant Carcassonne, le bruit a été entendu, à Aragon, Marseillette, La Redorte, Narbonne et même à Fleury-d’Aude, un peu plus tôt, à partir de 23 h 30.
Les premiers éléments tangibles expliquant cette activité dans le ciel audois ont été apportés par le site internet spécialisé Flight Radar 24 qui enregistre tous les trajets aériens, quel que soit l’engin volant, ou presque. Sauf les avions de chasse. Un plan de vol qui permet aujourd’hui de mieux comprendre ce qu’il s’est passé cette nuit-là dans le ciel audois.
Car en prenant connaissance ce vendredi 31 janvier d’un document officiel publié par la DGAC, le 9 janvier dernier, on découvre que plusieurs zones de l’espace aérien français étaient réservées ces 28, 29 et 30 janvier à l’Armée de l’air dans le cadre d’un « exercice national comprenant des vols de basse, moyenne et haute altitude ainsi que des opérations de ravitaillement, d’interception et de détection aéroportée« .
Sur la fiche de l’aviation civile, on observe aussi que l’opération est appelée Exercice POKER 2020-01. Et que ledit exercice baptisé « POKER », « vise à simuler, en vol, un raid nucléaire, sur un objectif préalablement désigné ». D’où le secret-défense bien gardé.
Seule entorse au secret-défense, outre le bruit, le passage d’un avion militaire, un Airbus A330/243 MRTT servant pour le transport et le ravitaillement et dont la trajectoire a été identifiée par le site Flight Radar. Sur l’écran radar, l’appareil a décollé d’un lieu proche de Marseille (probablement la base d’Istres), s’est dirigé vers la Bretagne, a ensuite survolé le Golfe de Gascogne pour revenir vers l’Aude à partir de 1 h du matin environ. Mais cet Airbus n’était pas tout seul.
Le tracé de l’avion repéré par Flight radar mais non identifié. – Capture d’écran
La zone réglementée réservé à l’Armée pour cet exercice colle à la trajectoire repérée sur Flight Radar. – capture d’écran.
Réalisé deux à trois fois par an, cet exercice a pour objectif de valider la compétence des équipages et des militaires appartenant aux Forces Aériennes Stratégiques (FAS) à mener un raid nucléaire sur une cible ou un État, sur ordre du président de la République
La plupart du temps, cet exercice rassemble des Rafale B et des Mirage 2000N, équipés d’une maquette du missile à tête nucléaire air-sol ASMP-A. Les appareils, qui peuvent décoller de la base aérienne 125 d’Istres ou 113 de Saint-Dizier, en raison de leur vocation à entreposer des escadrons qui ont pour mission la dissuasion nucléaire, vont parcourir des kilomètres, tantôt à basse altitude et à grande vitesse, tantôt en haute altitude, toujours au sein de l’espace aérien français.
Cette fois, le mystère est levé.
Publié le 31/01/2020 à 22h09, modifié le 31/01/2020 à 22h16
Pour retrouver cet article et voir la vidéo (3mn43s), cliquer sur: https://www.lindependant.fr/2020/01/31/aude-larmee-de-lair-a-simule-un-raid-nucleaire-dans-la-nuit-du-29-janvier,8701491.php
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