Au sein des salariés, la fermeture de la centrale de Fessenheim divise. Au point que certains menacent de ne pas appliquer les procédures d’arrêt du réacteur.
C’est à 13 h que la première équipe chargée d’arrêter le premier réacteur de la centrale nucléaire de Fessenheim devait prendre son « quart ». Elles sont trois à assurer la mission, composées, chacune, de 15 à 20 personnes : « La première doit démarrer la baisse de charge à partir de 19 h ce vendredi ; la seconde continue à partir de 21 h et découple l’alternateur à 1 ou 2 h du matin ; la troisième poursuit les activités de mise à l’arrêt du réacteur à partir de 6 h du matin. Ces trois équipes se relaieront, dans cet ordre-là, tout le week-end », explique Alain Besserer, délégué FO.
Sauf que, comme nous le disions ce matin (lire ci-dessous), les agents ont annoncé qu’ils n’allaient pas découpler, ou alors, quand ils le décideront, eux. Pour le moment, il semble que les équipes discutent avec la direction. Un agent nous a indiqué par SMS que « la baisse de charge prévue à 19 h n’aura pas lieu et que, par conséquent, la tranche 1 ne sera pas retirée du réseau à 2 h 30 ».
En théorie, le découplage peut encore se faire durant la journée du 22 février, comme annoncé, mais rien n’est encore sûr.
Un courrier de revendications
Nous indiquions ce matin que certains salariés de la centrale nucléaire de Fessenheim menacent de ne pas appliquer les procédures d’arrêt du réacteur, prévues à partir de ce soir. « C’est plus des menaces, ça va se faire. On ne découplera pas ! », indique un agent d’exploitation non syndiqué. Ce dernier explique que la direction a été prévenue dès samedi dernier : « On a envoyé un courrier avec nos revendications, comme quoi le compte n’y était pas ».
Par ce mouvement, les salariés expriment une forte colère et tentent de faire pression sur la direction pour obtenir un meilleur accompagnement social de la fermeture du site, principalement le maintien en région. « On voit que les anti-nucléaires ont envie de se faire une grosse fête demain, on ne va pas leur donner ça ! On découplera quand bon nous semblera, quand la direction aura répondu à nos attentes », poursuit notre interlocuteur.
Sanctions disciplinaires
Le risque est gros pour ces potentiels grévistes, souligne Alain Besserer, délégué FO. « Les agents qui se disent gréviste se verront remettre un courrier de mise en demeure d’agir. Ils s’exposent à des sanctions disciplinaires, qui sont un licenciement en fait. Le droit de grève est limité dans toutes les centrales nucléaires, il faut faire les opérations liées à la sûreté. Les agents disent que l’arrêt ne relève pas de la sûreté. »
Sachant que l’arrêté décidant de l’arrêt du premier réacteur évoque le 22 février, une option serait que les potentiels grévistes enclenchent la baisse de charge le 22, mais à 23 h 59 ; ce qui les laisserait dans la légalité. « Tout dépendra de la réaction de la direction, si elle accepte de se mettre à la table des négociations ou pas cet après-midi et demain », indique l’agent.
Et de conclure : « La bataille, elle est lancée, ça, c’est sûr !»
Par Annick WOEHL, publié le 21février 2020 à 16h05, mis à jour à 16h41
Photo en titre : Dans le cadre de la mise à l’arrêt du premier réacteur de la centrale nucléaire de Fessenheim ce samedi, Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, et Emmanuelle Wargon, secrétaire d’État, rencontrent les élus et acteurs économiques locaux à la préfecture de Colmar. Photo L’Alsace/Hervé KIELWASSER
https://www.dna.fr/edition-colmar-guebwiller/2020/02/21/certains-salaries-menacent-de-ne-pas-arreter-le-reacteur-n-1
Commentaires récents