Les actionnaires ont adopté une modification des statuts de l’énergéticien, qui conforte son ancrage nucléaire.
L’opérateur historique est passé à l’acte. Voire au Pacte. Ce jeudi 7 mai, l’assemblée générale des actionnaires a voté à une écrasante majorité (99,99%) l’introduction de sa «raison d’être» dans les statuts d’EDF.
Fruit d’une importante consultation des salariés, réalisée l’an passé, (4.000 personnes du groupe y ont participé), celle-ci modifie l’article 2 des statuts de l’entreprise.
Elle prévoit que le but de l’énergéticien est de «construire un avenir énergétique neutre en CO2 conciliant préservation de la planète, bien-être et développement grâce à l’électricité et à des solutions et services innovants». Ce qui peut être interprété comme une ode à l’atome, la source d’énergie de prédilection de l’entreprise depuis un demi-siècle.
Pousser les feux nucléaires
Dans son allocation, Jean-Bernard Lévy, P-DG de l’entreprise, a d’ailleurs longuement plaidé en faveur de l’énergie nucléaire. Poussant ses feux pour allonger la durée de vie des réacteurs qui ne seront pas fermés par la loi Royal, EDF doit, par ailleurs, présenter un dossier, l’an prochain, pour préparer la construction d’une demi-douzaine d’EPR de nouvelle génération.
Service public
La seule surprise de cette raison d’être est finalement l’absence de référence au service public, notion à laquelle les salariés du groupe sont très attachés.
Ce qui a fait grincer quelques dents. «Si le Président d’EDF est sincère quand il loue les valeurs de service public, il doit aller jusqu’au bout de sa conviction en gravant dans le marbre, et donc dans les statuts de l’entreprise, les valeurs de service public aux côtés du monde sans carbone. Ce faisant, il y aurait cohérence avec la référence que les statuts font déjà au contrat de service public, preuve du lien entre EDF et la Nation», détaille un communiqué de l’Alliance CFE UNSA Energies.
Chez EDF, on rappelle que «le service public est déjà inscrit dans les statuts et se trouve dans le manifeste de la raison d’être.» De plus, les statuts de certaines filiales du groupe, comme Dalkia ou Edison, ne font pas explicitement référence au service public.
Publié le 7 mai 2020
Photo en titre : L’énergie nucléaire, dans l’ADN et la raison d’être d’EDF. VLDT
http://www.journaldelenvironnement.net/article/edf-tient-sa-raison-d-etre-atomique,105854
NOTE : La loi PACTE. Entrée en vigueur en mai 2019, la loi relative à la croissance et la transformation des entreprises (dite loi Pacte) impose aux dirigeants d’une entreprise de la gérer «dans son intérêt social et en prenant en considération les enjeux sociaux et environnementaux de son activité». Les compagnies volontaires peuvent inscrire une «raison d’être» dans leurs statuts. EDF est l’une des rares multinationales à l’avoir fait.
Commentaires récents