SÉOUL, 25 mai — La mesure la plus probable que la Corée du Nord pourrait prendre comme moyen de renforcer ses capacités nucléaires pourrait être le lancement d’un nouveau sous-marin et d’un missile mer-sol balistique stratégique (MSBS) même si elle devrait être sur la corde raide à l’approche de l’élection présidentielle américaine, ont analysé ce lundi des experts.
Après une absence de plusieurs semaines sur le devant de la scène, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a convoqué une réunion élargie de la Commission militaire centrale (CMC) du Parti du travail afin de discuter de «nouvelles politiques pour accroître encore la dissuasion nucléaire du pays», a rapporté hier l’Agence centrale de presse nord-coréenne (KCNA).
C’était la première fois que le pays communiste a évoqué ouvertement une option nucléaire depuis début 2018 bien qu’il ait pris plusieurs mesures du genre sur fond d’impasse dans les négociations de dénucléarisation avec les États-Unis.
Les autorités de renseignement sud-coréennes ont déclaré surveiller étroitement les activités du Nord concernant les préparations en vue de lancer son nouveau sous-marin dévoilé en juillet 2019.
Le sous-marin, qui serait de 3.000 tonnes et capable de transporter trois MSBS, est en construction sur la base navale de Sinpo, sur la côte est du Nord.
«Il semble presque prêt à être déployé», a noté une source militaire. «Nous sommes en train d’observer étroitement si le Nord organise une cérémonie de lancement».
Plus tôt ce mois-ci, le Service national du renseignement (NIS) a noté que les sous-marins de classe Gorae (2.000 tonnes) et le système d’éjection de missile sous-marin ont été détectés sur le chantier naval de Sinpo.
Actuellement, la Corée du Nord posséderait 70 sous-marins incluant une vingtaine de navires de classe Romeo (1.800 tonnes). La plupart d’entre eux sont désuets et inaptes à mener des opérations au-delà des eaux côtières.
La Corée du Nord pourrait également effectuer d’autres tests de son nouveau MSBS, le Pukguksong-3, après son premier tir d’essai en octobre 2019 au large de la côte est, près de Wonsan.
Classé comme un missile de moyenne portée, il s’agirait d’une version améliorée du missile Pukguksong-1. Lors du test d’octobre, le missile a parcouru environ 450 km à une altitude maximale d’environ 910 km, selon le Comité des chefs d’état-major interarmées (JCS).
Avec les bombardiers nucléaires et les missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), le MSBS complète l’armement nucléaire stratégique.
Les MSBS possèdent une précision plus faible que celle des ICBM et peuvent porter des ogives nucléaires plus petites. Ils peuvent toutefois être utilisés efficacement pour lancer une contre-attaque nucléaire surprise si la Corée du Nord subit une «première frappe» des forces ennemies.
Selon les autorités de renseignement sud-coréennes, la Corée du Nord a mis au point deux missiles de type Pukguksong et leur portée atteint environ 1.300 km.
«Il poserait des menaces à la sécurité non seulement régionale mais aussi mondiale alors que les missiles lancés sous l’eau sont difficiles à détecter. Il est probablement destiné à être lancé depuis des lanceurs de sorte à pouvoir être transporté plus facilement», a estimé Shin Jong-woo, chercheur du Forum coréen sur la défense et la sécurité (KODEF).
Lors de la réunion clé du parti, le dirigeant nord-coréen a également promu Ri Pyong-chol, en charge de la construction d’armes nucléaires et de missiles, au rang de vice-président de la commission. Pak Jong-chon, chef d’état-major général de l’Armée populaire de Corée (KPA), en charge des forces d’artillerie, a été également promu vice-maréchal.
«Leur promotion indique que Kim continuera à accroître les capacités nucléaires et balistiques du pays sur fond d’impasse dans les négociations de dénucléarisation avec les Etats-Unis», a ajouté Shin.
La dernière annonce sur les capacités nucléaires semble toutefois viser à accroître la pression sur les États-Unis en vue de prendre des mesures concrètes pour faire avancer le dialogue au point mort et à resserrer la discipline dans ses organisations militaires, plutôt qu’à avertir des actes de provocation imminents, selon des experts.
«La Corée du Nord semble avoir déjà déployé ou s’apprête à déployer de nouveaux missiles à courte portée dévoilés l’année dernière et devrait profiter au maximum de ces moyens comme d’un levier pour l’instant plutôt que de franchir une ligne rouge», a analysé Hong Min, chercheur de l »Institut coréen pour l’unification nationale (KINU).
Depuis l’échec des négociations sur son programme d’armes nucléaires avec les États-Unis au début de l’année dernière, la Corée du Nord a montré plusieurs nouveaux types de missile et effectué des tests d’armes majeures, impliquant la plupart des projectiles de courte portée.
Plus tôt cette année, Pyongyang a averti d’une «nouvelle arme stratégique» et d’une «vraie action choquante» mais n’a pas encore lancé d’ICBM.
Par Yonhap, publié le 25 mai 2020 à 22h48
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