ENTRETIEN. LES VÉTÉRANS DES ESSAIS NUCLÉAIRES VEULENT ÊTRE RECONNUS

Depuis 19 ans, l’Association des vétérans des essais nucléaires doit faire face à une législation changeante. Elle se bat toujours pour une vraie reconnaissance des vétérans, veuves et ayants droit.

Christian Coulon est président de l’Aven 56 et référent juridique à Plœmeur (Morbihan). Depuis 19 ans, l’Association des vétérans des essais nucléaires doit faire face à une législation changeante. Il répond aux questions de Ouest-France.

Où en êtes-vous dans votre combat des vétérans, victimes de maladies radio-induites ?

Le combat a démarré en 2001. Les vétérans, malades ou non, sont les personnels civils et militaires qui ont participé aux programmes d’essais nucléaires français dans le Sahara et en Polynésie française, de 1960 à 1996. Cela concerne 150 000 personnes. En 2010, il y a une première loi d’indemnisation. Mais elle comportait un article sur le risque négligeable, excluant de fait beaucoup de dossiers. En 2017, cet article a été abrogé. Il y a ensuite eu la fixation d’un seuil (1 millisievert) pour prétendre à indemnisation par le Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires. Le conseil d’État a estimé, en janvier dernier, que ce seuil n’était pas rétroactif. Or, le gouvernement, au travers d’une proposition sous prétexte du Covid-19, a rétabli cette rétroactivité… C’est inadmissible.

Vous êtes vous-même un vétéran…

J’ai fait deux campagnes, en 1970 (8 tirs) et 1971 (5 tirs), je n’avais pas 19 ans. On intervenait sans aucune protection ; on était en short et en sandales… Je n’ai pas déclaré de maladie à ce jour. Mais j’ai la boule au ventre à chaque fois que je dois faire des examens. Ces tumeurs radio-induites peuvent se déclarer 30 ou 50 ans après… Une étude a révélé qu’il y a 4 à 5 fois plus de cancers chez les vétérans que dans le reste de la population.

Qu’en est-il du risque de transmission aux enfants ?

J’ai le cas d’une femme de 40 ans, née après la campagne de son père. Elle souffre de malformations, a développé plusieurs cancers. Nous souhaitons faire une recherche sur la descendance des vétérans. On se bat aussi pour les veuves. On demande avant tout une reconnaissance. S’il n’y avait pas eu ces essais, la France n’aurait pas de Défense aujourd’hui. Nous ne sommes ni anti ni pro-nucléaire. On veut juste la justice et la vérité.

Contact : 07 82 34 58 02 ()

Par Ouest-France, recueilli par Catherine JAOUEN, publié le 09/06/2020 à 17h46

Photo en titre : Christian Coulon : « Il y a un an, l’État nous a proposé une médaille ; on attend toujours. » | OUEST-FRANCE

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