ÉNERGIE : FAUT-IL DU NUCLÉAIRE NOUVELLE GÉNÉRATION ?

Les énergies fossiles sont progressivement abandonnées. Le débat, complexe, se tient donc entre les énergies renouvelables et le nucléaire nouvelle génération.

Le recul des énergies fossiles en France semble acté. Pour poursuivre la transition énergétique, reste donc la question de la part du nucléaire dans l’électricité produite. En 2016, elle était de 72 %, et s’élevait encore à 70 % l’année dernière. Mais cette énergie cristallise les tensions. Cette année marque les quarante ans de la « révolution de Plogoff », lorsque les manifestants avaient eu gain de cause contre l’implantation d’une centrale nucléaire dans le Finistère.

Le débat autour du nucléaire s’articule sur plusieurs niveaux. Tout d’abord économique : quelle source d’énergie est la plus compétitive ? Le coût du futur EPR de Flamanville (Manche) ne cesse de grimper quand celui des énergies vertes baisse. Quant au nucléaire ancien, il est déjà opérationnel, mais coûte encore cher. Les autorités de surveillance – et donc le personnel – sont nombreuses, et les coûts multiples. La Cour des comptes estime à 1,7 milliard d’euros par réacteur le seul coût d’entretien. S’y ajoutent notamment les provisions pour le démantèlement.

Subventions pour le nucléaire

Le nucléaire est une énergie décarbonée, que les énergies renouvelables sont susceptibles de compléter – mais pas forcément de remplacer – pour lutter contre le réchauffement climatique, estime Marie Dégremont, cheffe de projet chez France Stratégie, une agence rattachée au cabinet du Premier ministre. Pour autant, faut-il des centrales nucléaires nouvelles générations, tel l’EPR de Flamanville ? Elles auraient besoin d’être subventionnées – comme les énergies renouvelables – car leur coût serait particulièrement élevé.  L’État et EDF réfléchissent aux différentes pistes pour le financer. La France étudie auprès de la Commission européenne la faisabilité de subventions pour le nouveau nucléaire, précise la spécialiste.

Souveraineté et stockage

Sur le plan géopolitique : pour nombre de ses partisans, le nucléaire présente une sécurité d’approvisionnement, ce qui n’est pas le cas des énergies renouvelables. Mais si certains composants des panneaux solaires ou des éoliennes viennent en effet de Chine, l’uranium utilisé en France dans les centrales nucléaires n’est pas non plus un produit local, et provient en majorité d’Afrique et du Kazakhstan.

Enfin, le volet technique. Certaines énergies renouvelables, notamment le solaire et l’éolien, ne produisent pas en continu, contrairement au nucléaire. La question du stockage de l’électricité devient dès lors centrale. La production et le stockage d’hydrogène, gazeux ou liquide, est une piste envisagée, mais encore balbutiante. À l’inverse des STEP (Station de transfert d’énergie par pompage) : deux barrages qui permettent de stocker l’électricité grâce à de l’eau en circuit fermé qui passe de l’un à l’autre.

Par Jean-Marie CUNIN. (Ouest-France), publié le 15/08/2020 à 08h30

Photo en titre : La centrale nucléaire de Flamanville, dans la Manche. | STÉPHANE GEUFROI, OUEST-FRANCE

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