QUE FAIT LE NUCLÉAIRE DANS LES 30 MILLIARDS POUR LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE DU PLAN DE RELANCE ?

Analyse Dans le plan de relance du gouvernement dévoilé le 3 septembre, une enveloppe de 470 millions d’euros est réservée au nucléaire. Elle est intégrée dans le volet transition écologique comme technologie verte, alors que sa place est plutôt dans le volet compétitivité.

En réservant au nucléaire 470 millions sur les 30 milliards d’euros du plan de relance destiné à la transition écologique, le gouvernement tente le diable. La Commission européenne, qui doit étudier le plan français, pourraient ne pas apprécier le fait que le gouvernement persiste à considérer le nucléaire comme un vecteur de la transition écologique. Il a été exclu, pour l’instant, de la taxonomie verte, cette liste de technologies vertes pouvant bénéficier d’aides de l’Union pour accompagner sa course à la neutralité carbone. Les écologistes crient bien sûr au scandale au regard des projets qui devraient être soutenus financièrement. Pour eux, si le nucléaire produit bien une électricité décarbonée, elle n’est pas verte à cause des déchets.

Une filière à la peine

Il est vrai que cette enveloppe de 470 millions d’euros, dont 200 millions d’euros de soutiens directs, complétée par le programme des investissements d’avenir et des co-investissements de l’État, va servir à soutenir des projets nucléaires très variés, qu’il n’est pas forcément facile de raccrocher à la transition écologique. Pour le gouvernement, sa place dans le plan de relance est justifiée par le fait que la filière nucléaire, qui emploie 220 000 personnes, a souffert de la crise sanitaire. De fait, EDF a revu sa production électronucléaire à la baisse et a dû revoir tout son programme de maintenance de ses centrales à cause des difficultés rencontrées avec ses sous-traitants.

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470 millions pour la formation… 

Les projets qui doivent être soutenus par les 470 millions d’euros du plan de relance n’ont pourtant rien à voir avec ça. Il s’agit plutôt d’aider EDF à mettre en œuvre son plan Excell de reconquête de la confiance dans la filière nucléaire, dans lequel l’électricien investit 200 millions d’euros en deux ans. L’État soutiendra ainsi la formation de soudeurs, qui font cruellement défaut, et pas uniquement dans le nucléaire, avec la création d’un centre dédié en Bourgogne-France-Comté.

… des  projets d’EDF…

Il investira aussi dans le projet de Technocentre pour le recyclage des déchets métalliques du nucléaire qu’EDF veut installer à Fessenheim (Haut-Rhin), et qui pourrait créer 150 emplois directs sur cinquante ans à partir de 2030.

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L’enveloppe servirait aussi au développement de réacteurs modulaires de petite taille (SMR pour Small modular reactor) dans lequel EDF, le CEA et TechnicAtome se sont lancés avec plus de dix ans de retard sur leurs concurrents internationaux. C’est le projet Nuward.

Enfin, cette enveloppe permettra de créer un fonds d’investissement avec EDF pour soutenir les entreprises de la filière.

… et un fonds pour les PME

Autant de projets qui relèvent plus de la reconquête de la compétitivité de la filière nucléaire, et de son image à l’international, que de son développement comme technologie verte servant à la transition écologique de la France. Seuls les projets de recyclage et de gestion des déchets radioactifs, et de recyclage des déchets métalliques du démantèlement justifieraient qu’il soit à cette place.

Par Aurélie Barbaux , publié le 04/09/2020 à 11h12

Photo en titre : Seule une partie des 470 millions d’euros prévus pour le nucléaire dans le plan de relance ira au développement d’un mini-réacteur modulaire (SMR) français. © TechnicAtome

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