NUCLÉAIRE IRANIEN : L’AIEA SOULIGNE DES IRRÉGULARITÉS ET SE DIT « PRÉOCCUPÉE » PAR DES SITES NON DÉCLARÉS

Le chef de l’agence onusienne dénonce notamment l’absence d’explications de la part de l’Iran à propos de traces d’uranium transformé sur trois sites non déclarés.

Le nucléaire iranien est au cœur des inquiétudes mondiales, lundi 31 mai, alors qu’un nouveau rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) met en lumière un certain nombre d’irrégularités. Le pays comptabilise ainsi une quantité d’uranium faiblement enrichi près de seize fois supérieure à la limite autorisée par l’accord de 2015. Elle atteint désormais 3 241 kilos – pour un plafond fixé à 202,8 kilos – d’après une estimation, l’AIEA ayant expliqué qu’elle n’avait pas pu vérifier le total en raison des restrictions décidées par Téhéran. Dans le précédent rapport de l’agence, datant de février, ce stock était de 2 967,8 kilos.

Par ailleurs, le rapport dénonce également l’existence de plusieurs sites iraniens non déclarés, à propos desquels l’Iran n’a pas été en mesure de fournir d’explications des traces d’uranium transformé décelées par l’agence.

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Négociations en cours à Vienne

Le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, devant la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, le 27 avril 2021. EFREM LUKATSKY / AP

Il y a trois mois, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni avaient renoncé à soutenir une résolution promue par les États-Unis qui critiquait l’absence d’explications de l’Iran sur l’origine de ces particules, le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, ayant annoncé de nouvelles discussions avec Téhéran.

Mais, « après de longs mois, l’Iran n’a pas fourni l’explication nécessaire pour la présence de particules de matériaux nucléaires sur aucun des trois sites où l’agence a mené des [inspections] supplémentaires », peut-on lire dans le nouveau rapport aux pays membres de l’AIEA. « Le directeur général [de l’AIEA] est préoccupé par le fait que les discussions techniques entre l’Iran et l’agence n’ont pas produit les résultats escomptés », est-il également écrit.

La cadence d’enrichissement de l’uranium s’est toutefois ralentie par rapport aux trois mois précédents, alors que le complexe nucléaire de Natanz a été victime le 11 avril d’une explosion. Outre cet uranium enrichi à moins de 5 %, l’Iran a repris depuis le début de l’année l’enrichissement à 20 %, avant de franchir un cap inédit en avril en montant à 60 %, se rapprochant ainsi des 90 % nécessaires à une utilisation militaire. Selon le rapport, le stock à 20 % s’élève à 62,8 kilos et celui à 60 % à seulement 2,4 kilos pour le moment.

Depuis 2019, Téhéran s’est affranchi progressivement de ses obligations nucléaires, en riposte au rétablissement des sanctions américaines par Donald Trump. Des négociations sont actuellement en cours à Vienne pour faire revenir les États-Unis dans le giron de cet accord, destiné à empêcher la République islamique de se doter de la bombe atomique.

Par Le Monde avec AFP et Reuters,  publié le 31 mai 2021 à 20h23, mis à jour le 1er juin 2021 à 04h32

Photo en titre : Le président iranien, Hassan Rohani, visite une exposition sur les accomplissements nucléaires de Téhéran, en avril 2021. BUREAU DE LA PRÉSIDENCE IRANIENNE / AP

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