À TCHERNOBYL, LES MOUVEMENTS MILITAIRES POURRAIENT EXPLIQUER L’AUGMENTATION DU NIVEAU DE RADIATION

Jeudi 24 février 2022, les troupes russes ont pris le contrôle du site de la centrale de Tchernobyl. Depuis des taux de radiation gamma plusieurs dizaines de fois supérieurs aux valeurs des jours précédents ont été mesurés dans cette zone.

Ce matin à 8h05, le SNRIU (State Nuclear Regulatory Inspectorate of Ukraine) a publié un court communiqué sur la situation radiologique dans la zone d’exclusion (environ 30 km autour de la centrale de Tchernobyl). Il indique que les données du système automatisé de surveillance montrent des dépassements des seuils de contrôle du débit de dose gamma en un nombre important de points d’observation. Faute de pouvoir accéder à la zone en raison des combats, il précise qu’il est à ce stade impossible de déterminer la cause de l’augmentation des valeurs.

À 9h, une mise à jour indique que les experts d’Ecocenter établissent un lien entre ces dépassements et la perturbation de la couche supérieure du sol due au déplacement d’un grand nombre d’engins militaires lourds dans la zone d’exclusion et à l’augmentation de la pollution atmosphérique.

Étant donné les niveaux de radioactivité encore très élevés des sols, cette hypothèse est tout à fait plausible (les incendies survenant régulièrement dans cette zone sont responsables d’importantes élévations de la contamination de l’air). En l’absence d’incendie, l’essentiel des poussières radioactives devrait retomber au niveau local et la fraction susceptible d’être inhalée devrait également être moins importante. Des protections respiratoires sont toutefois impératives, le sol contenant, outre le césium 137, du strontium 90, de l’américium 241 et des isotopes du plutonium (en plus du césium 137).

En octobre 2000, la CRIIRAD avait détecté par hasard un point très actif au bord de la route reliant la ville évacuée de Pripiat à la centrale de Tchernobyl. Le sol était très fortement contaminé par le césium 137 (2,7 millions de becquerels par kilogramme), par tout un cocktail d’autres substances radioactives (cobalt 60, antimoine 125, césium 134, europium 154, europium 155) ainsi que par de l’américium 241 (27 500 Bq/kg), qui est un indicateur de la présence de plutonium.

Ce même communiqué du SNRIU publié ce vendredi matin indique que « l’état des installations nucléaires de Tchernobyl et des autres installations est inchangé ». Une information plutôt rassurante. Peut-on en déduire que, malgré les affrontements, les communications sont maintenues avec les équipes et que celles-ci continuent d’assurer les interventions de sûreté sur le site de Tchernobyl ?

De source officielle, 12 des 15 réacteurs nucléaires étaient en fonctionnement ce matin (étaient déconnectés du réseau électrique le réacteur n°5 de la centrale nucléaire de Zaporizhzhya, le réacteur n°1 de Rivno et le réacteur n°2 de Khmelnitsky).

Par la CRIIRAD, (29 cours Manuel de Falla, 26000 Valence), publié le 25 février 2022

http://balises.criirad.org/pdf/Guerre_Ukraine_2022/2022-02-25_Communique_CRIIRAD_Niveau_Radiation_Tchernobyl.pdf