La menace de l’arme nucléaire a ressurgi avec la guerre en Ukraine. Mais les récents bombardements de Zaporijjia mettent en perspective un autre danger : les centrales nucléaires.
La menace nucléaire est réelle, la guerre en Ukraine nous l’a rappelée. Mais si l’on pense souvent à l’arme atomique, le bombardement par les forces russes de la centrale nucléaire de Zaprijjia, la plus grande d’Europe, nous rappelle qu’une bombe n’est pas la seule menace.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a accusé Moscou d’avoir recours à la « terreur nucléaire » et de vouloir « répéter » la catastrophe de Tchernobyl, la plus grave de l’histoire, en 1986.
Quels pourraient être les impacts, si, une bombe déclenche un désastre atomique en Ukraine ? On a cherché à savoir.
À lire aussi : Menace nucléaire : la demande en capsules d’iode explose, à quoi sert ce médicament ?
Pourquoi la bombe atomique n’est pas le plus grand danger
La mise en alerte, par Vladimir Poutine, de sa force de dissuasion nucléaire, le dimanche 27 février 2022, a laissé craindre le pire. Une guerre nucléaire qui serait évidemment dévastatrice pour la Terre entière.
Patrice Bouveret, porte-parole français de la Campagne Internationale pour Abolir les Armes Nucléaires (ICAN) et Directeur de l’observatoire des armements, ne croit cependant pas à son utilisation lors de ce conflit.
« [Vladimir Poutine] n’est pas suicidaire. Il veut agrandir son territoire, montrer sa puissance, mais il ne veut pas être rayé de la carte. » (Patrice Bouveret, porte-parole de l’ICAN et Directeur de l’Observatoire des armements)
Selon lui, le danger provient d’un bombardement « conventionnel » des installations nucléaires.
Ce vendredi 4 mars, les chars russes ont pilonné la centrale et ont mis le feu à un bâtiment de formation et à un laboratoire. Si aucune fuite radioactive n’a été constatée, selon les autorités ukrainiennes, l’inquiétude n’a fait que croître au fil des minutes de cet assaut. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a finalement indiqué qu’aucun équipement « essentiel » n’a été endommagé.
Vidéos : en ce moment sur Actu
Les Russes ont pris le contrôle de la centrale, même si son exploitation est « assurée ».
Quels risques ?
L’on dénombre 15 réacteurs nucléaires en Ukraine, répartis sur quatre sites.
Les bombes et les missiles russes pourraient certes toucher directement un réacteur nucléaire, mais il y a plusieurs risques. « Un missile pourrait toucher une ligne à haute tension, ou encore le circuit de refroidissement, ou même le personnel », rappelle Patrice Bouveret.
Autant de risques d’une potentielle catastrophe s’il n’est plus possible de refroidir le cœur d’un réacteur. Dans ce cas de figure, l’accident pourrait alors se comparer à celui de Fukushima le 11 mars 2011.
À lire aussi : Risque nucléaire : selon un rapport, les Français ne sont pas assez préparés
Quel impact en France ? Et ailleurs ?
Tout dépend de l’accident. Mais ce qui est sûr, et redouté, c’est qu’une explosion serait dramatique.
« Une explosion en Ukraine entraînerait des conséquences pour toute la planète. » (Patrice Bouveret, porte-parole de l’ICAN et Directeur de l’Observatoire des armements)
« S’il y a une explosion, c’est la fin de tout. La fin de l’Europe. C’est l’évacuation de l’Europe », a martelé Volodymyr Zelensky. « Il faut empêcher que l’Europe ne meure d’un désastre nucléaire. »
Car en plus du grave danger de l’explosion d’un réacteur pour les habitants proches et les salariés, le nuage radioactif ne se limiterait évidemment pas aux frontières de l’Ukraine. « Les radiations vont impacter la population et l’environnement d’autres pays » note Patrice Bouveret. Le nuage ne s’arrêtera pas aux frontières et pourrait toucher toute l’Europe.
Il est toutefois impossible de quantifier les radiations qui découleraient d’un accident. Tout dépendrait de la quantité de matières radioactives dispersées dans l’environnement. L’impact hors de la zone d’une éventuelle explosion, dépendra aussi des conditions climatiques, « et surtout du vent », précise le porte-parole de l’ICAN. « Le risque peut-être pour tout le monde. »
Tchernobyl, la pire catastrophe du nucléaire civil
Le 26 avril 1986, à 1h23 du matin, le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl explosait. Cet accident reste à ce jour le plus grave jamais survenu sur une installation nucléaire civile. L’institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, dans une vidéo, montre que le panache radioactif en provenance de Tchernobyl a disséminé des éléments radioactifs sur la plupart des pays d’Europe. Des éléments radioactifs sont détectés en Amérique du Nord et au Japon.
Quelle réponse ?
Si, après l’incendie de Zaporijjia, Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg a condamné « des bombardements irresponsables ». Le Président des États-Unis, Joe Biden, « a exhorté la Russie à cesser ses activités militaires dans la zone ».
Mais pour le moment, aucune sanction directe sur le sujet du nucléaire civil n’a été prise.
En France, une association écologiste, Robin des Bois, milite pour « l’inviolabilité des sites nucléaires sur les théâtres des guerres que la diplomatie internationale a été impuissante à éviter ».
Des drapeaux blancs sur les réacteurs nucléaires, afin d’éviter un accident dramatique dans une guerre déjà tragique.
Cet article vous a été utile ? Sachez que vous pouvez suivre Actu dans l’espace Mon Actu . En un clic, après inscription, vous y retrouverez toute l’actualité de vos villes et marques favorites.
Par Maxime T’sjoen, publié le 6 mars 2022 à 19h50
Photo en titre : La centrale nucléaire de Rivne, située au nord-ouest de l’Ukraine, à proximité de la rivière Styr, à environ 400 kilomètres de Kiev. (©iryna_l / Adobe Stock)
https://actu.fr/societe/si-une-centrale-nucleaire-explosait-en-ukraine-quelles-consequences-pour-la-france_49173106.html
Commentaires récents