NUCLÉAIRE. SALARIÉS CONTAMINÉS SUR LE RÉACTEUR 1 D’EDF FLAMANVILLE : QUE S’EST-IL PASSÉ ?

En septembre 2022, 15 salariés avaient été contaminés sur le réacteur n° 1 de la centrale de Flamanville (Manche). Un événement largement abordé ce 9 février, pendant la CLI.

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« Quinze salariés contaminés sur le réacteur n° 1 », titrait La Presse de la Manche, le jeudi 29 septembre 2022. Lors de la commission locale d’information (CLI) qui a eu lieu ce jeudi 9 février 2023, les discussions ont tourné autour de cet événement significatif de radioprotection survenu le 27 septembre 2022.

Le réacteur n° 1 de la centrale de Flamanville (Manche) était alors à l’arrêt depuis la fin du mois de mars pour le changement des quatre générateurs de vapeur. Un chantier à 380 millions d’euros et nécessitant l’intervention d’un millier d’ouvriers. Certains salariés d’EDF, d’autres d’entreprises sous-traitantes.

Ce mardi 27 septembre, une entreprise prestataire travaillait donc dans le sas situé dans le local de conditionnement des déchets pour découper des ballons de collecte d’effluents radioactifs.

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Les faits

« Le contenu du sac d’un aspirateur contenant des poussières radioactives s’est dispersé accidentellement dans le sas, puis dans le local de conditionnement. La dispersion touche des intervenants dans le local », détaille David Le Hir, directeur de la centrale de Flamanville 1 et 2.

Menée aussitôt, l’enquête interne pour comprendre ce qui s’est passé révèle alors que le confinement du sas a été dégradé par le passage des fourches d’un transpalette sous le sas. Malheureusement, en manipulant le sac aspirateur pour le vider, il a chuté, dispersant des poussières contaminées. Dans le sas, mais aussi dans le local de conditionnement, puisque le confinement était dégradé.

Si l’alarme qui détecte une importante radioactivité des balises ABPM203 a bien été déclenchée, elle a été couverte par le son d’une autre alarme, celle qui résonne lors du cheminement du sac de déchets. Et elle s’éteint automatiquement.

« La rupture du confinement n’était clairement pas prévue, le mode opératoire n’a pas été respecté. » David le Hir

Les conséquences

L’événement a fait l’objet d’une déclaration à l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) dès le vendredi 30 septembre. S’en est également suivi un courrier au Groupement momentané d’entreprises solidaires (GMES) afin qu’il intègre ce retour d’expérience, notamment dans les analyses de risque et les programmes de surveillance.

Un autre courrier a rappelé les attendus en matière de surveillance des sous-traitants pour tous travaux supplémentaires et un engagement sur la culture sécurité.

L’événement sera aussi présenté dans les formations préventions des risques dispensées sur le site de Flamanville. Et le mode opératoire local pour le paramétrage des seuils des balises pour supprimer l’auto-acquittement a été revu.

David le Hir

« On parle beaucoup de technique, mais il y a surtout des hommes derrière cet événement », réagit alors Guy Vastel, représentant de l’Acro (Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest).

Ils sont en effet quinze à avoir été contaminés : quatre présentaient une contamination externe, deux une contamination vestimentaire et neuf une contamination interne avec une dose engagée inférieure à 0,5 mSv.

L’expertise du Crilan en débat

Voilà plusieurs mois que le Crilan demande une expertise indépendante du chantier de l’EPR de Flamanville, financée par la CLI, dans le but de revoir les différents sujets susceptibles d’affecter la sûreté en exploitation de l’EPR. Ce jeudi matin, cette demande était à l’ordre du jour afin d’être soumise à un vote de l’assemblée de la CLI de Flamanville.

De nombreuses voix se sont déjà montrées réticentes à cette demande. « Ce n’est pas réalisable. Il faut des années d’études et des sommes folles que la CLI n’a pas. Ça ne peut pas se faire comme ça, et ce n’est pas le rôle de la CLI », détaillent certaines. « Nous avons un budget annuel de 75 000 €, et nous n’allons pas nous substituer à l’ASN », souligne de son côté le président de la CLI Flamanville, Benoît Fidelin. « De multiples rapports ont déjà été faits, pourquoi ne pas proposer plutôt une note de synthèse à partir de toutes ces études déjà réalisées et très bien faites. Cela me semble plus réaliste », approuve, de son côté, Yannick Rousselet, porte-parole de Greenpeace.

Mais la solution ne satisfait pas le Crilan, ni son président, André Jacques. Le 13 août dernier, devant le tribunal administratif de Caen, un recours contre le conseil départemental de la Manche a été déposé. L’assemblée générale de la CLI de Flamanville devait donc voter. Mais avant même que ce vote n’ait lieu, André Jacques fustigeait un manque de temps pour présenter et argumenter son projet. « C’est pour la balayer par un vote express de cinq minutes, sans que le Crilan puisse argumenter, faire venir un expert, et sans débat en assemblée générale », estimait le Crilan, dans nos colonnes.

Finalement, le vote n’a pas eu lieu jeudi. Pour répondre à sa demande, Benoît Fidelin a proposé de reporter le vote à la prochaine session de la CLI. André Jacques disposera alors d’un temps nécessaire pour présenter le projet, avec le détail d’un cahier des charges, une budgétisation précise, la liste des intervenants et experts…

« Ils ont aussitôt été pris en charge par 25 personnes sur le site EDF qui assurent la surveillance et notamment le contrôle par sondage. 35 autres personnes du GMES sont aussi en charge spécifiquement de la surveillance des sous-traitants », détaille David Le Hir.

Un suivi médical et psychologique a également été mis en place pendant une dizaine de jours.

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Par Solène Lavenu et La Presse de la Manche, publié le 10 février 2023 à 12h11

Photo en titre : David Le Hir, directeur de la centrale de Flamanville 1 et 2, a expliqué ce jeudi les faits et les conséquences de l’événement significatif qui avait conduit à la contamination de 15 salariés le 27 septembre dernier. (©Solène LAVENU/La Presse de la Manche)

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