Le chef de l’agence de l’énergie atomique visite ce mardi la centrale nucléaire de Zaporijia, alors que des interrogations subsistent autour du refroidissement des installations, après la destruction du barrage de Kakhovka.
Tombée aux mains de l’armée russe le 4 mars 2022, visée par des tirs et déconnectée du réseau électrique à plusieurs reprises, la centrale nucléaire de Zaporijia n’aura cessé de donner des sueurs froides.
Dernière inquiétude en date : la baisse du niveau d’eau du lac artificiel qui sert à refroidir les six réacteurs, à la suite de la destruction du barrage de Kakhovka 150 kilomètres en aval sur le fleuve Dniepr, dans la nuit du 5 au 6 juin. De grandes quantités d’eaux se sont échappées du barrage éventré, inondant les villages environnants et vidant partiellement la retenue d’eau qui assure le refroidissement.
Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, était attendu pour inspecter la centrale ce mardi 13 juin.
En dessous du seuil critique de 12,7 mètres
« En route pour l’Ukraine pour rencontrer le président Zelensky et présenter un programme d’assistance à la suite de l’inondation catastrophique du barrage Kakhovka« , a annoncé Rafael Grossi sur Twitter. « J’évaluerai la situation à la centrale nucléaire de Zaporijia et effectuerai une rotation avec une équipe renforcée.«
Sur place, la centrale puise l’eau dans des bassins de rétention eux-mêmes alimentés par le réservoir de Kakhovka. Celui-ci doit atteindre 12,7 mètres de profondeur pour garantir le fonctionnement des installations de refroidissement, selon l’AIEA. Or, de 17 mètres, le niveau serait descendu à 11,27 mètres selon les mesures de l’AIEA dans un communiqué du 11 juin, en dessous du seuil critique.
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Bassins de secours
La centrale peut également s’appuyer sur un grand bassin de rétention (l’UHS, pour Ultimate Heat Sink) et d’autres bassins, dont les réserves sont suffisantes « pour plusieurs mois« , indique l’AIEA. Cependant, l’IRSN estime qu’une baisse excessive du lac voisin pourrait conduire à perdre l’étanchéité de la réserve ultime d’eau en raison de la pression exercée par l’eau retenue, rapporte la Revue générale nucléaire.
Par ailleurs, le risque d’incident reste élevé en raison d’un manque de personnel, estimait dans nos pages Bruno Chareyron, de la Criirad. « Personnel, alimentation électrique et, maintenant, alimentation en eau… Toutes les marges de sûreté diminuent« , affirmait-il mi-avril.
Même si les six réacteurs sont à l’arrêt depuis des mois, l’AIEA rappelle dans son communiqué qu’il ne faut pas cesser de refroidir le combustible des cœurs des unités ni celui placé dans les piscines d’entreposage « afin d’éviter un potentiel accident de fusion et des rejets radioactifs dans l’environnement« .
Par Lucie Léquier, publié le 13 juin 2023, à 17h13
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Photo en titre : La centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia occupée par l’armée russe, le 29 mars 2023. afp.com/Andrey BORODULIN
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