Passer à la propulsion nucléaire est indispensable pour réduire le temps nécessaire pour rallier la lune, mars et les autres objets du système solaire.
- Les États-Unis lancent le programme DRACO qui vise à concevoir une fusée propulsée par l’énergie nucléaire
- Le projet, doté d’un budget de 500 millions de dollars, a été confié à BWX Technologies et Lockheed Martin
- Le premier test aura lieu en 2027, bien heureusement loin de la surface terrestre
Qu’elle soit atmosphérique ou vouée à l’espace, la propulsion nucléaire a été largement explorée par les États-Unis entre 1946 et la fin des années 1960. À l’époque, les forces armées américaines souhaitaient créer un bombardier capable de rester dans les airs indéfiniment devenant un peu l’équivalent des sous-marins nucléaires des airs.
L’un des fruits du programme NEPA de l’époque – rapidement annulé en 1961 – avait de quoi inquiéter jusqu’aux alliés des États-Unis : il s’agissait rien de moins de modifier un turboréacteur GE J47 pour l’alimenter directement avec de l’air passant au contact d’uranium à l’état critique, posant de sérieuses questions sur le rejet de matières radioactives dans l’atmosphère.
Retour du nucléaire dans la conquête spatiale
Plus tard, avec le projet NERVA, la Darpa et la NASA a également exploré l’idée d’un moteur de fusée propulsé à l’énergie nucléaire, avant d’y renoncer au début des années 1970. Alors, forcément, lorsque l’on entend parler du retour du développement d’aéronefs propulsés par de l’énergie nucléaire, il y a des raisons de s’étonner.
Pourtant, le programme DRACO de la Darpa (une sorte de département R&D de l’armée américaine) et de la NASA ne posera a priori aucun risque sur Terre. Enfin… hormis un “détail” sur lequel nous revenons en fin d’article. DRACO signifie Demonstration Rocket for Agile Cislunar Operations.
L’idée est de développer un nouveau vaisseau permettant de couper les temps de trajets entre l’orbite proche de la Terre et l’orbite lunaire, dans un premier temps. Puis de ramener le temps de trajet vers mars à 45 jours, contre 150 avec les meilleures combinaisons d’orbites de transfert et de technologies de propulsion actuellement disponibles.
45 jours, c’est 30% du temps de trajet normalement nécessaire. Soit autant d’exposition en moins, pour les passagers, aux risques de l’espace, qu’il s’agisse des radiations solaires, rayons cosmiques, effets de la microgravité sur la santé, de l’enfermement sur la psychologie, ou encore risque de collision avec une météorite ou autre objet difficile à détecter avant impact (une liste loin d’être exhaustive).
Soulignons qu’à aucun moment il n’est question de tester le système de propulsion radioactive sur Terre. À la place, un démonstrateur sera conçu, puis envoyé dans l’espace dans une orbite située entre 700 et 2000 km de notre planète, dès 2027. De là, le système de propulsion nucléaire pourra pour la première fois être allumé, permettant de tout tester et de collecter de précieuses données.
Très concrètement Lockheed Martin désignera l’essentiel de l’engin tandis que BWX Technologies développera le réacteur nucléaire. La solution retenue est celle d’un propulseur à hydrogène qui sera chauffé à très haute température par un réacteur nucléaire à fission. Reste, on vous le disait, un détail qui ne dissipe pas toutes les inquiétudes. En effet, pour que le test ait lieu il faudra lancer des matières radioactives en orbite.
Le lancement sera a priori assuré par l’armée américaine, mais on ne sait pas très bien ce qui se passera en cas de problème lors du lancement pour les matières dangereuses elles-mêmes. Notons que le lancement de matières radioactives n’est pas une première : certaines sondes, comme les sondes Voyager 1 et 2, embarquent un RTG, une pile radioactive contenant du plutonium. Certains acteurs évoquent également la possibilité de retraiter les déchets nucléaires dans l’espace.
Par RPB, publié le 7 septembre 2023 à 7 h 30 min
Photo en titre : © Darpa
https://www.presse-citron.net/la-fusee-a-propulsion-nucleaire-arrive-plus-vite-que-vous-le-pensez/
NDLR (rappel) : n’oubliez jamais que les articles publiés dans la revue journalière NUCLÉAIRE INFOS ne reflètent pas forcément l’opinion du créateur (et administrateur) de cette revue de presse . Toutefois lorsqu’il me semble important qu’une actualité soit divulguée, je la divulgue, qu’elle me plaise ou non.
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