Notre chroniqueur estime que la Suisse doit s’inspirer de ce qu’a fait l’Allemagne pour ne plus dépendre de l’énergie atomique.
La situation géopolitique a mis en évidence notre retard dans la transition énergétique. Il faut être clair, nous avons dormi depuis la décision de sortir du nucléaire largement acceptée par le peuple en 2017. Le réveil a été brutal.
Nous nous rendons compte que la dépendance envers les énergies d’importation (gaz, pétrole, uranium) nous fragilise. La bonne nouvelle, c’est que nous avons les moyens de réagir. Une étude récente de l’ETH le confirme (« Assessing the Feasibility of Scenarios for the Swiss Electricity System »), l’approvisionnement en électricité à partir de sources entièrement renouvelables fonctionne aussi en hiver à des coûts raisonnables.
« Maîtriser la consommation et développer les renouvelables est l’option responsable. »
La mauvaise nouvelle est qu’avec l’habitude créée dans le début des années 70 des nostalgiques tentent de maintenir le nucléaire sur la table comme solution miracle. Les promesses du lobby nucléaire sont intenables. Maîtriser la consommation et développer les renouvelables est l’option responsable.
Le nucléaire ne peut pas écarter à temps la menace de pénurie d’énergie. La planification et la mise en service de centrales nucléaires seraient inopérantes avant 2045 et prolongeraient notre dépendance envers l’uranium enrichi importé en majorité de Russie. Il a fallu à la Finlande, au Royaume-Uni et à la France de quinze à vingt-deux ans entre la décision de construction d’un réacteur et sa mise en service. En Suisse il faudrait y ajouter des années de travaux politiques hasardeux pour changer la loi de sortie du nucléaire.
Les promesses des nostalgiques du nucléaire créent un oreiller de paresse : pour les entrepreneurs, les ménages et les élus, à quoi bon maîtriser sa demande d’énergie et capter les énergies renouvelables en Suisse, puisqu’il suffit d’attendre la solution nucléaire ? Cette confiance aveugle nous a menés à voter une sortie du nucléaire sans calendrier, donc sans visibilité pour planifier l’avenir.
L’Allemagne annonçait en 2003 qu’elle sortirait du nucléaire, en 2011 Angela Merkel annonçait le délai de 2022. Son calendrier a rendu l’avenir clair pour les investisseurs, les décideurs et les entreprises qui ont fait de l’Allemagne la championne des renouvelables. C’est ce calendrier de fermeture qui a permis l’essor des renouvelables et la maîtrise de la consommation.
Maîtriser la consommation
Un approvisionnement en électricité fiable et neutre en CO2 est à notre portée. Le prix de revient des énergies renouvelables a fortement baissé, il est comparable à celui de l’énergie nucléaire existante et meilleur marché que le prix de revient d’hypothétiques nouvelles centrales.
Produire assez d’énergie renouvelable est possible à condition de maîtriser notre consommation. Planifier la sortie du nucléaire au lieu de la décréter, c’est donner un avenir clair aux investisseurs et au pays dans son ensemble.
Par François Pointet, publié le 7 septembre 2023 à 07h03
Photo en titre : François Poncet, Conseiller national Vert’libéral, membre du comité Sortir du nucléaire
https://www.24heures.ch/linvite-les-promesses-intenables-du-nucleaire-372085869143
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