Alors qu’Emmanuel Macron relance le nucléaire en France, plus de 1000 scientifiques s’y opposent.
Ils sont ne sont pas seulement physiciens, mais aussi médecins, mathématiciens, ingénieurs, anthropologues, archéologues, etc. Tous scientifiques et déjà plus de 1 000 à avoir signé un appel contre la relance du nucléaire en France.
Cet appel a été lancé par le Groupement de scientifiques pour l’information sur l’énergie nucléaire (GSIEN), créé en 1975 contre le « plan Messmer » (qui a donné naissance au parc des 56 réacteurs nucléaires actuels d’EDF) et par Global Chance, une ONG présidée par Bernard Laponche, docteur en physique nucléaire et ancien ingénieur au Commissariat à l’énergie atomique.
Ce mouvement, qui fait écho à l’appel des 400 scientifiques opposés au plan Messmer de 1975, veut signifier que « contrairement à ce que laisse entendre le gouvernement, ni la France ni la science ne sont entièrement acquises au nucléaire », indique le philosophe François Guerroué.
Une histoire courte jalonnée d’accidents
Les accidents de la courte histoire du nucléaire mondial sont rappelés : ceux des centrales de Three Mile Island (États-Unis), Tchernobyl (Ukraine) et Fukushima (Japon), mais aussi ceux, moins connus, d’usines de combustible ou de sites de stockage à Maïak (Russie), Tokaimura (Japon), WIPP (États-Unis), Asse (Allemagne)…
Bernard Laponche énumère, pour sa part, une longue liste de griefs contre le parc français : « une corrosion de réacteurs récents dont on ne connaît toujours pas bien la cause. Un EPR de Flamanville où on a successivement enchaîné les défauts sur le béton, les soudures, l’acier de la cuve. Des rejets en mer et dans les airs bien plus importants que ceux de Fukushima. Un parc de réacteurs conçu pour durer 30 ans qu’on veut faire durer 60 alors qu’il est établi que l’acier des cuves, fragilisé, nous fait entrer dans une zone de risque d’accident… »
Un risque sanitaire établi en cas d’exposition
Le Dr Mariette Gerber, épidémiologiste et chercheuse à l’Inserm, martèle, quant à elle, qu’« il est désormais impossible de contester que toute exposition à des radiations, même faibles, expose à un risque de cancer ». C’est le résultat d’une importante étude publiée le 17 août à partir de données sur 300 000 travailleurs de l’industrie nucléaire en France, aux États-Unis et au Royaume-Uni.
Pour Marc Denis, docteur en physique atomique, « face à l’urgence climatique, les dérives systématiques des coûts et des délais des programmes nucléaires devraient nous dissuader d’y investir des milliards qui seraient bien mieux utilisés dans les énergies renouvelables ».
Les signataires dénoncent, enfin, l’accumulation, en France, de « plus de 2 millions de tonnes de déchets radioactifs » et un démantèlement « à peine engagé » des nombreuses centrales déjà à l’arrêt.
Le soutien d’une partie de la gauche
L’appel est relayé par les partis de gauche opposés au nucléaire. Le député (LFI) Maxime Laisney raille un « Emmanuel Macron qui multiplie les textes et procédures pour accélérer le nucléaire » et qui « se prend pour un nouveau de Gaulle et rêve de poser la première pierre d’une nouvelle centrale avant la fin de son mandat, quitte à tronquer le débat démocratique ».
Du côté d’Europe Écologie Les Verts, la députée nantaise Julie Laernoes dénonce l’empressement du gouvernement envers « une solution nucléaire supposée magique » mais qui « ne sera pas au rendez-vous face au mur du besoin en électricité vers lequel nous fonçons ». Elle fustige également son incapacité à faire adopter au Parlement une nouvelle loi de programmation énergie climat, pourtant légalement exigée avant le 31 juillet « et juge l’exécutif pas à la hauteur du défi climatique ».
Par Ouest-France , André THOMAS, publié le 12/09/2023 à 19h25, modifié le 12/09/2023 à 19h37
Photo en titre : Le retard et le surcoût de l’EPR de Flamanville sont pris en exemple par les opposants au nucléaire. | STEPHANE GEUFROI / OUEST FRANCEVoir en plein écran
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