Face à la menace grandissante de la Chine et de la Russie, les États-Unis investissent massivement dans la rénovation de leur parc nucléaire vieillissant.
600 milliards de dollars, soit 570 milliards d’euros. C’est la somme pharaonique que les États-Unis comptent débourser d’ici la fin de la décennie afin de maintenir en état de marche leur arsenal atomique, indique un rapport du Congressional Budget Office (CBO). En effet, les armes nucléaires américaines vieillissent sérieusement et, comme le rapportait l’Associated Press (AP) le 20 septembre dernier, des soldats américains utilisent encore des ogives nucléaires vieilles de 50 ans.
La première puissance militaire mondiale conserve au total 1 550 ogives actives et n’aurait pas construit « une seule tête nucléaire » depuis la fin de la guerre froide, rappelle une publication de Defense News.
1 500 ogives nucléaires à mettre à jour
Ainsi que le rapporte le média spécialisé The War Zone, l’Air Force a mené avec succès 9 essais du missile classifié AGM-181A Long-Range Standoff (LRSO) en 2022. Et, l’un de ces tests a été effectué en utilisant une version simulée de la nouvelle ogive nucléaire W80-4. En réalité, poursuit le magazine, il ne s’agit pas d’une nouvelle conception mais d’une « mise à niveau » des ogives W80 déjà existantes, afin qu’elles puissent fonctionner avec le nouveau missile.
D’ailleurs, cette mise à jour fait partie de ce que le Pentagone appelle « un programme de prolongation de la durée de vie » des anciennes ogives nucléaires. « Les équipes d’essais conjointes du LRSO et du W80-4 Life Extension Program ont réalisé le premier essai en vol propulsé d’un missile de croisière LRSO avec une ogive W80-4 larguée depuis un avion B-52« , indique le rapport de la National Nuclear Security Administration (NNSA).
Le travail de remise à niveau est colossal. L’AP, qui a pu obtenir des informations hautement classifiées sur la chaîne d’approvisionnement nucléaire, met en exergue l’extrême délicatesse nécessaire pour rénover les ogives du pays.
Chaque ogive possède « des milliers de ressorts, d’engrenages et de contacts en cuivre » qui doivent fonctionner conjointement « pour déclencher une explosion nucléaire » argumente l’agence américaine.
Au-delà des 1 500 ogives en cours de modernisation, le Congressional Budget Office souligne que c’est la quasi-totalité des systèmes des forces nucléaires (missiles balistiques intercontinentaux terrestres, sous-marins…) qui doivent être remplacés ou mis à niveau.
Des craintes ravivées
Si les États-Unis mettent un coup d’accélérateur pour revoir leur parc nucléaire, c’est notamment en raison d’un contexte d’incertitude qui s’installe sur l’échiquier géopolitique. Ainsi que le relate une publication de Nuclear Threat Initiative (NTI), l’expansion du programme nucléaire de la Chine a ravivé les craintes du Pentagone vis-à-vis des potentielles intentions de Pékin.
Par ailleurs, NTI prend le soin de rappeler que le dernier rapport de l’Institut de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) apporte de nouvelles précisions sur le programme nucléaire chinois qui « sous-entendent des implications significatives pour la sécurité américaine et mondiale« .
Par Sacha Carion, publié le 06/10/2023 à 7h53
Photo en titre : Missile nucléaire balistique intercontinental Titan dans un silo, États-Unis, Arizona. © Getty Images
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