LE TYPE 096, LE SOUS-MARIN CHINOIS FURTIF ET NUCLÉAIRE QUI EFFRAIE LES ÉTATS-MAJORS OCCIDENTAUX

La Chine est proche du graal en matière de sous-marins à propulsion nucléaire : silencieux et furtifs, ses « Type 096 » donnent des sueurs froides aux marines occidentales et pourrait rebattre les cartes géopolitiques, en mer de Chine orientale et bien au-delà.

« Un cauchemar. » Comme l’a récemment rapporté Interesting Engineering, c’est par ces termes plutôt clairs que Christopher P. Carlson, l’un des analystes auteurs d’un rapport publié fin août par l’U.S. Naval War College, a qualifié le Type 096, l’un des nouveaux modèles chinois de sous-marin nucléaire lanceur d’engin (SNLE, ou SSBM en anglais pour Sub-Surface Ballistic Nuclear).

Prévus pour remplacer les navires de classe Jin, les Type 094, les Type 96 et leur développement sont sous étroite surveillance des observateurs occidentaux depuis des années, et avaient notamment déjà fait l’objet d’un rapport du Pentagone en 2021, alors rapporté par korii.

La puissance du silence

« Le Type 096 sera produit à de plus nombreux exemplaires, sera plus furtif, et pourrait naviguer dans des zones plus larges, autant d’éléments qui nécessitent de repenser les capacités américaines et leur déploiement », expliquait récemment Emma Salisbury, du Council of Geostrategy britannique, à Newsweek.

Et les choses pourraient aller assez vite du côté chinois : selon Reuters, les analystes s’accordent à dire que la Chine semble en bon chemin pour mettre ses Type 096 à l’eau d’ici la fin de la décennie, notamment grâce à des images satellites prises du chantier naval de Huludao.

EN IMAGES Saint-Nazaire : visite à bord du sous-marin Espadon entièrement restauré (VOIR LE DIAPORAMA)

L’agence ajoute l’élément nouveau le plus important de cette construction à grande vitesse : « avec d’importantes percées dans le domaine de la furtivité, en partie grâce à des technologies russes ».

« Ils vont être très, très difficiles à détecter », explique ainsi Christopher Carlson à propos de ces nouveaux fantômes des grands fonds, dans un scénario qui rappelle fortement aux amateurs celui d’À la poursuite d’Octobre rouge de John McTiernan, film paru en 1990 mais qui dont l’histoire se déroulait au mitant des années 80, alors que la Guerre froide n’était pas encore tout à fait achevée.

Ce silence en opération pourrait être une nouveauté radicale par rapport aux Type 094 de la génération précédente, qui mènent souvent des exercices en mer mais sont considérés comme relativement « bruyants« , donc aisés à repérer par les engins des marines rivales.

Un Akula bis et l’influence russe

Le rapport publié par l’U.S. naval project note qu’il est peu probable que des transferts de technologies majeurs et direct aient eu lieu entre la Pékin et Moscou. Le Type 096, dont on ne sait par nature pas encore grand-chose, pourrait néanmoins s’être fortement inspiré des submersibles de classe Akula de la marine russe et de certains des concepts assurant sa grande furtivité, notamment en termes de propulsion par hydrojet.

« Le vaisseau sera semble-t-il significativement plus large que le Type 094, permettant de placer un « raft » interne, monté sur de complexes supports en caoutchouc destinés à amortir les bruits du moteurs et les autres sons, un design déjà vu sur des navires russes », écrit Reuters.

Comme son aïeul le Type 094, le Type 096 sera capable de porter et de lancer des missiles balistiques intercontinentaux et nucléaires Ju Lang 3 (« Vague Géante 3 ») ou JL-3, dont la portée a été estimée à plus de 9500 kilomètres, parfois plus par certains analystes. Ces projectiles de nouvelle génération, a-t-il été avancé, pourraient même être lancés depuis les ports d’attaque des sous-marins.

Dans le cadre d’une augmentation à cadence forcée de l’arsenal nucléaire chinois, comme le rapportait Al Jazeera à l’été 2023, et alors que 600 milliards de dollars ont été mis sur la table pour moderniser la dissuasion atomique américaine, le nombre de submersibles dont disposera la Chine pour sa dissuasion semble donc devoir fortement croître dans les toutes prochaines années.

C’est donc l’intégralité des systèmes et procédures de surveillance des États-Unis et ses alliés, sous les mers comme dans les airs, qui doit être revue ou musclée. Dans le Pacifique, l’alliance entre Washington, le Royaume-Uni et l’Australie, et le programme nommé AUKUS supposé fournir à cette dernière une flotte de sous-marins modernes et capables de contrer la menace chinoise, prend du retard du fait des capacités américaines et britanniques limitées. Face à une Chine qui s’arme ventre à terre et progresse très vite en termes technologiques, il faudra pourtant faire vite pour que les équilibres se créent ou se maintiennent.

Par Thomas Burgel, publié le 17/10/2023

Photo en titre : Un submersible chinois à la parade. © AFP / POOL / Mark Schiefelbein

https://www.geo.fr/geopolitique/chine-sous-marin-type-096-qui-effraie-les-etats-majors-occidentaux-furtif-detection-nucleaire-missile-jl-3-dissuasion-snle-russie-217121