NUCLÉAIRE : APRÈS DES INSPECTIONS, DE NOUVELLES INTERROGATIONS À L’EPR DE FLAMANVILLE ?

Des inspections de l’ASN et de l’IRSN à l’EPR de Flamanville (Manche) ont ciblé des « manques » à l’orée de la répétition générale orchestrée depuis le 1er octobre 2023.

Des inspections de l’IRSN et de l’ASN ont pointé du doigt certains « manques » à l’EPR de Flamanville (Manche) avant les essais de requalification d’ensemble. Mais, l’électricien affirme que « tout se déroule correctement ». (©EDF)

Seize ans après le lancement du chantier, il n’y a toujours pas de date précise pour le démarrage de l’EPR de Flamanville. Lors de la dernière CLI (commission locale d’information), EDF avait annoncé le chargement du combustible pour le premier trimestre 2024, le couplage (soit le raccordement au réseau) s’effectuant trois mois environ après cette opération.

En somme, on pouvait envisager une mise en route durant l’été 2024. Une estimation évidemment approximative mais qui ne surprend plus, alors que le calendrier du réacteur de 3ème génération a été constamment bousculé.

Ce planning pourrait-il être une fois de plus chamboulé ?

Alors que les équipes flamanvillaises sont à pied d’œuvre afin de réaliser les essais de requalification d’ensemble, la grande répétition avant le chargement du combustible, deux rapports de l‘IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) et de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire), dénichés par Le Canard enchaîné interrogent.

« Le reste à faire important en amont de la mise en service »

Publié le 4 septembre 2023, celui de l’IRSN fait état d’écarts, déclarés par EDF, qui auraient « des conséquences sur le dossier de mise en service (DMES) du réacteur ». Dans son rapport, l’IRSN pointe notamment « le risque de formation d’atmosphère explosive (ATEX) dans le système TEG (traitement des effluents gazeux *) ».

Si EDF apporte une solution, l’organisme indépendant demande explicitement de nouvelles études « à échéance du dossier de fin de démarrage ».

Du côté de l’ASN, dans un rapport publié le 25 septembre, si l’on considère que « l’identification et le traitement des activités préalables à l’engagement de la phase d’essais de requalification d’ensemble sont maîtrisés », ses inspecteurs attirent l’attention sur « le reste à faire important en amont de la mise en service et notamment au cours de la phase d’essais dite de préparation au chargement ».

Une mise en garde du gendarme du nucléaire qui, si elle n’est pas bloquante, pourrait fragiliser le processus de démarrage car « de nombreuses activités, identifiées initialement comme préalables à la phase de requalification d’ensemble, ont été reportées faute de temps à une phase postérieure ».

« Tout se déroule correctement »

Résultats des courses, selon l’ASN, cette situation impacte la phase de requalification d’ensemble « en privant l’installation de certaines redondances matérielles indispensables à la conduite des essais en cas de fortuits ».

Compte tenu de toutes ces recommandations, la grande répétition générale, commencée le 1er octobre 2023, pourrait-elle prendre du retard et repousser, in fine, le démarrage de l’EPR ?

Pour EDF, « tout se déroule correctement » et « les échanges techniques » avec les deux organismes français spécialisés dans les domaines de la sûreté nucléaire et de la radioprotection « sont normaux et fréquents ». Il reste sept semaines d’essais pour s’en assurer.

(*) : Le système de dégazage TEG permet notamment de limiter la concentration en hydrogène dans les systèmes connectés afin d’empêcher la formation de mélanges explosifs.

Par Rédaction La Presse de la Manche, publié le 20 octobre 2023 à 12h00 

Photo en titre : Des inspections de l’IRSN et de l’ASN ont pointé du doigt certains « manques » à l’EPR de Flamanville (Manche) avant les essais de requalification d’ensemble. Mais, l’électricien affirme que « tout se déroule correctement ». (©EDF)

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