MENACE NUCLÉAIRE : VERS LA FIN DE LA NON-PROLIFÉRATION ?

Provenant du podcast Cultures Monde

Depuis un an, Vladimir Poutine menace d’utiliser l’arme nucléaire en cas d’agression américaine et de l’OTAN. Depuis quelques années, les traités encadrant l’armement nucléaire sont peu à peu délaissés. Que reste-t-il des objectifs de non-prolifération nucléaire ?

Avec:

. Marc Finaud, ancien diplomate français, professeur associé au Centre de Politique de Sécurité de Genève (GCSP) et membre du Bureau d’Initiatives pour le Désarmement nucléaire (IDN).

. Benjamin Hautecouverture Maître de recherches à la Fondation pour la recherche stratégique

. Valérie Niquet Politologue, responsable du pôle Asie à la Fondation pour la recherche stratégique

L’année dernière, Vladimir Poutine a menacé d’utiliser l’arme nucléaire, en cas d’agression de l’OTAN et des États-Unis. La réponse de Biden se fait tout aussi menaçante, plongeant le monde sous le spectre d’une attaque massive. Après les menaces proférées, la Russie s’est cette année affranchie des traités encadrant les armements : en février dernier Poutine annonçait suspendre la participation de la Russie au traité New Start, dernier accord militaire bilatéral avec les États-Unis, qui limitait les arsenaux des deux puissances à un maximum de 1550 ogives nucléaires déployées chacun. Plus récemment, c’est la Douma qui est revenue sur le traité TICE, qui interdit les essais nucléaires. Pour le Parlement Russe, il s’agit de réparer une inégalité : en effet, les États-Unis se sont eux aussi désengagés des traités encadrant les armements nucléaires signés à la fin de la Guerre froide. C’est notamment Donald Trump qui était sorti de plusieurs traités majeurs : le traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) en 2019, notamment. Plus encore, il s’était dégagé du JCPOA sur le nucléaire iranien, menaçant directement les objectifs de non-prolifération à l’échelle de la planète.

Au milieu de cette crise très grave on a entendu des politiques rappeler le concept justifiant selon eux à coup sûr qu’il n’arriverait rien : la « dissuasion nucléaire » faisait son œuvre.
« Depuis le temps que la planète était bourrée de tout ce qu’il fallait pour la détruire, on avait fini par dormir tranquille. » disait un personnage du roman Malevil de Robert Merle.

La catastrophe n’étant pas advenue, on peut considérer avoir eu beaucoup de chance, mais le secrétaire général de l’ONU le dit lui-même : « la chance n’est pas une stratégie »

Quelles sont les règles qui encadrent aujourd’hui l’utilisation de ces arsenaux ? Pourquoi quand on parle de prolifération nucléaire, n’évoque-t-on que les États qui veulent se doter de la bombe, mais jamais de ceux qui, déjà dotés, en acquièrent toujours plus ? Pour les États non dotés, comment faire entendre aujourd’hui les appels au désarmement nucléaire ?

Entre traumatisme et inquiétude sécuritaire, le Japon tiraillé sur la question nucléaire :

Des Japonais allument des lanternes de papier pour la commémoration du 78ème anniversaire de la bombe sur Hiroshima, devant le Dôme de Genbaku © AFP – STR / JIJI PRESS / AFP

Traumatisé par les bombes nucléaires lâchées sur Hiroshima et Nagasaki en 1945, le Japon est une des voix qui porte un discours fort pour le désarmement et l’interdiction de l’arme nucléaire, une particularité, notamment au sein du G7 (qui rassemble une grande partie des pays dotés). Pourtant, il semble que le contexte instable de la région accentue la rupture entre le consensus de l’opinion japonaise et le pouvoir politique qui cherche la protection – nucléaire – des États-Unis.

Avec Valérie Niquet, chercheuse à la FRS, publié le mercredi 1er novembre 2023

Photo en titre : Photo publiée par le service de presse du ministère de la défense russe le 25 octobre 2023, lors d’un exercice des forces de dissuasion nucléaire. ©AFP

Pour retrouver cet article et écouter la totalité de l’émission (58 mn) cliquer sur : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/cultures-monde/culturesmonde-emission-du-mercredi-01-novembre-2023-4074471