Hier vendredi, Barack Obama était à Hiroshima, où il s’est recueilli à la mémoire des 210.000 personnes tuées ici et à Nagasaki, à la suite de l’explosion des deux bombes atomiques, « Little Boy » et « Fat Man », lâchées il y a 71 ans par l’aviation américaine. L’émotion était bien sûr très grande : aucun président américain en exercice n’avait jusque-là osé se rendre à Hiroshima.
Mais, non loin du président, un militaire tenais dans sa main une mallette en aluminium d’une vingtaine de kilos, habillée de cuir, qui accompagne les présidents depuis Kennedy. Surnommée bizarrement « le ballon de foot », elle contient les instructions et les codes permettant de déclencher l’équivalent de 22.000 Hiroshima en quelques minutes.
Barack Obama, en arrivant à la Maison-Blanche, s’était non sans courage présenté comme le président du désarmement nucléaire. Il avait prononcé le 5 mars 2009 un très beau discours à Prague :
« Étant la seule nation a avoir jamais utilisé une arme nucléaire, les États-Unis ont la responsabilité morale d’agir. […] Aussi aujourd’hui, j’affirme clairement et avec conviction l’engagement de l’Amérique à bâtir un monde débarrassé des armes nucléaires. »
Cela lui avait valu quelques mois plus tard le prix Nobel de la paix, à la surprise générale.
En 2010, il a signé le traité New Start par lequel les États-Unis et la Russie ont engagé une nouvelle réduction de l’arsenal nucléaire de longue portée. Mais ce traité, qui devait marquer le début d’un processus, n’a pas été suivi d’autres étapes. Obama a également créé un Sommet annuel de la sécurité nucléaire, dont l’un des objectifs est de sécuriser les matériaux fissiles et les installations nucléaires. Mais le travail pour y parvenir est loin d’être achevé. Enfin, il entendait ratifier le Traité pour l’interdiction complète des essais nucléaires, signé en 1996 sous les auspices de l’ONU, mais le Sénat ne l’a pas suivi.
Mais là où il s’est le plus écarté de son discours de Prague, c’est en donnant son feu vert à un gigantesque programme, évalué à 1.000 milliards de dollars sur les 30 prochaines années, visant à renouveler entièrement l’arsenal américain : missiles intercontinentaux, sous-marins, bombardiers, têtes nucléaires…
Le bilan de Barack Obama est donc est mince…
http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20160526.OBS1267/armes-nucleaires-obama-enterre-sa-belle-ambition-a-hiroshima.html
NDLR : à noter que le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yia a jugé que Hiroshima « méritait l’attention« . « Mais le massacre de Nankin devrait encore moins être oublié », a-t-il ajouté, en référence aux meurtres et viols de masse commis par les troupes japonaises lors de la chute en 1937 de ce qui était alors la capitale de la Chine.
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