Chaque jour qui passe, ou presque, apporte son lot de révélations sur la faillite de la filière nucléaire française. Toute puissante des décennies durant, elle a bâti des centrales à tire-larigot sans se préoccuper ni du coût de leur démantèlement une fois en bout de course ni du stockage de leurs déchets. Trop occupée à asseoir et conforter ses positions au sein de l’élite politico-industrielle du pays, elle s’est débrouillée pour que la question du coût et de la faisabilité du démantèlement et des déchets soit léguée aux générations futures, espérant que l’évolution de la technologie permettrait d’y faire face. On voit où cette politique nous mène aujourd’hui, alors que la catastrophe de Fukushima et la crise économique ont gelé tous les projets d’avenir : effondrement d’Areva – longtemps fleuron national -, difficultés d’EDF à monter le seul contrat en vue, celui d’Hinckley Point (Grande-Bretagne), et surtout casse-tête du démantèlement des centrales et du stockage des déchets par manque d’argent provisionné. Alors que l’argument massue de la filière nucléaire était le coût incroyablement bas de l’électricité en France, on va bientôt réaliser que celle-ci, au final, n’est pas si bon marché. Le stockage des déchets est sans doute la question la plus angoissante de toutes car, en gros, il n’y a aucune bonne solution. Si les militants antinucléaires s’en sont pris aussi violemment ce week-end au mur bâti pour protéger le chantier du site d’enfouissement de Bure, c’est sans doute parce qu’il est le symbole de l’opacité de la filière. Une opacité que les politiques n’ont jamais cherché à combattre, autre faillite. Résultat, à quelques mois de la présidentielle, tous les ingrédients sont réunis pour faire de Bure une nouvelle ZAD (zone à défendre) alors que celle de Notre-Dame-des-Landes risque de dégénérer à l’automne quand les forces de l’ordre devront évacuer le site.
http://www.liberation.fr/france/2016/08/14/faillite_1472413
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