LA MENACE NUCLÉAIRE RESURGIT ENTRE L’INDE ET LE PAKISTAN

mediapartL’armée indienne a lancé le 29 septembre une offensive dans la partie du Cachemire administrée par le Pakistan, pour détruire des camps d’entraînement d’insurgés. La crainte d’une riposte d’Islamabad se double d’une psychose : celle d’un accès des terroristes islamistes à la bombe atomique…

…Alors que les échanges de tirs se poursuivaient samedi 1er octobre de part et d’autre de la “ligne de contrôle”, le risque d’escalade est dans tous les esprits…

…Pendant ce temps, aux États-Unis, la candidate démocrate, Hillary Clinton, avoue craindre un « coup d’État » à Islamabad, lequel permettrait aux terroristes d’avoir accès à l’arsenal nucléaire et de déclencher des attentats suicides dévastateurs. Il y a quelques jours, le ministre de la défense pakistanais s’est montré lui-même déterminé à aller au-delà de la dissuasion nucléaire : « Si notre sécurité est menacée, nous les anéantirons », a-t-il dit à propos des Indiens…

…Selon des chercheurs des universités du New Jersey, du Colorado et de Californie, une guerre nucléaire entre Delhi et Islamabad provoquerait en huit jours la mort de 21 millions de personnes par radiation et brûlures. Pire, estimait en 2013 l’association International Physicians for the Prevention of Nuclear War, elle endommagerait la moitié de la couche d’ozone de la Terre et déclencherait des perturbations climatiques telles, que 2 milliards d’humains mourraient ensuite de famine.

Ces scénarios pourraient hélas pécher par optimisme, car depuis que les deux pays voisins ont mené leurs premiers essais nucléaires (1974 pour l’Inde, 1998 pour le Pakistan), leurs arsenaux respectifs n’ont naturellement pas cessé de s’étoffer. Mais celui du Pakistan aurait considérablement grossi sur une période toute récente. Aujourd’hui, estime le Bulletin of the Atomic Scientists, qui milite pour un désarmement planétaire, Delhi et Islamabad disposeraient de forces à peu près équivalentes, avec environ 120 ogives chacun (contre 350 en France).

« En termes stratégiques, quoi que dise le gouvernement Modi, nous sommes toujours dans une situation ambiguë », estime Pratap Bhanu Mehta, président du Centre for Policy Research de Delhi, dans une analyse publiée samedi 1er octobre par The Indian Express. D’après lui, les frappes du 29 septembre « démontrent que l’Inde ne cédera pas au chantage nucléaire et relèvent le seuil à partir duquel la situation pourrait ne plus être sous contrôle ». Il y a cependant de quoi être inquiet, ajoute-t-il, car les dirigeants actuels de l’Inde et du Pakistan ont tous deux assis leur légitimité politique sur « un positionnement dur », l’un à l’égard de l’autre.

Vu d’Islamabad, le conflit actuel est alimenté délibérément par Delhi pour faire oublier les événements de ces trois derniers mois au Cachemire. Depuis que les forces de l’ordre indiennes ont abattu début juillet Burhan Wani, une jeune figure du mouvement séparatisme cachemiri Hizbul Mujahideen, la province a été secouée par des manifestations qui ont souvent tourné à l’émeute. Elle a été placée sous couvre-feu durant des semaines et plus de cent civils auraient trouvé la mort sous les coups de l’armée et de la police indiennes, affirme l’ambassadrice du Pakistan auprès des Nations unies, Maliha Lodhi. « L’Inde essaie de distraire l’attention du monde des crimes de guerre qu’elle est en train de commettre au Cachemire, affirme celle-ci, elle cherche à provoquer un conflit avec le Pakistan pour calmer sa population. »…

…Si le Pakistan en est arrivé là, incapable d’obtenir dans cette affaire un soutien officiel de son meilleur allié du moment, la Chine, c’est que ceux qui le dirigent sont tiraillés, analysent la plupart des commentateurs sur place…

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