L’association des Médecins en faveur de l’environnement (MfE) s’engage en faveur de l’initiative populaire «Sortir du nucléaire». Elle juge les risques d’accident et les conséquences pour la santé, l’environnement et la population trop élevés pour qu’on laisse les cinq centrales en activité au-delà de quarante-cinq ans.
Les carences de la protection d’urgence en cas d’accident figurent au centre de ses préoccupations. Si une catastrophe d’une gravité comparable à celles de Tchernobyl ou Fukushima devait se produire en Suisse, avec à la clé une contamination radioactive de grande ampleur, la population ne pourrait être mise à l’abri, affirme-t-elle.
Pour déterminer les mesures à prendre, l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) établit des scénarios de référence. Or MfE les juge insuffisants. «On a choisi un scénario d’accident pour lequel la protection d’urgence semble tout juste faisable», critique le Dr Peter Kälin, président de MfE et antinucléaire convaincu.
«Qui a encore une radio OUC?»
L’IFSN rejette ces accusations. «L’IFSN a proposé une palette de scénarios avec endommagement du cœur et rejet non filtré. Les scénarios retenus satisfont dans une large mesure aux risques liés aux installations nucléaires suisses», assure son porte-parole David Suchet, qui rappelle qu’un catalogue de mesures a été établi et approuvé pour la protection d’urgence à mener dans les zones exposées.
MfE craint également que les canaux de communication ne suffisent pas à alerter la population, car ils seraient brisés si l’accident nucléaire est couplé à une panne de courant. David Suchet répond que l’IFSN dispose de moyens de communication sécurisés pour rester en contact avec les centrales nucléaires et la Centrale nationale d’alarme en cas d’accident.
Quant à l’Office fédéral de la protection de la population (OFPP), il dispose d’un réseau émetteur de secours par ondes ultracourtes (OUC). Celui-ci permet de transmettre des consignes dans les abris de protection civile. «Mais qui dispose encore chez soi d’une radio OUC portable et des piles correspondantes pour capter les instructions des autorités?», s’interroge Peter Kälin. L’OFPP reconnaît que la technologie utilisée par le réseau d’urgence doit s’adapter à la digitalisation des communications et au développement de systèmes tels que DAB +. L’OFPP dit procéder à une analyse régulière de la situation avec ses partenaires.
Néanmoins, le Dr Kälin reproche à l’IFSN et à l’OFPP de n’avoir prévu «aucun scénario d’accident grave combiné à une panne de courant simultanée». David Suchet assure cependant qu’«une perte simultanée du réseau électrique externe» fait partie de la liste des défaillances que les exploitants des centrales doivent être en mesure de maîtriser. MfE regrette encore que des plans d’évacuation de villes telles que Berne, Bienne ou Aarau, situées à proximité d’un ou plusieurs réacteurs, fassent défaut.
MfE ajoute ainsi sa voix à celle des nombreuses organisations antinucléaires qui se battent pour l’initiative populaire. Celles-ci disposent de moyens supérieurs aux combats ordinaires menés par la gauche. Son chef de campagne Andreas Käsermann a révélé dans «Blick» qu’ils avaient un budget de 2 millions à disposition, principalement alimenté par le WWF et Greenpeace.
https://www.letemps.ch/suisse/2016/10/13/medecins-sengagent-labandon-nucleaire
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