SUISSE : DES ÉCONOMISTES FAVORABLES À «SORTIR DU NUCLÉAIRE»

economistes-favorblesLe texte soumis au vote le 27 novembre «Pour la sortie programmée de l’énergie nucléaire» permettra de disposer à long terme d’un approvisionnement énergétique sûr, abordable et indépendant.
La problématique de l’abandon du nucléaire «est un combat entre l’économie du passé et celle du futur», a résumé vendredi devant les médias à Berne Yves Christen (notre photo Keystone), ancien président du Conseil national et de Swissolar. «Mais le futur a déjà commencé» et la sortie du nucléaire n’est en rien prématurée.

«Il y a énormément à faire», admet le coprésident du Comité de l’économie pour une sortie raisonnable de l’énergie nucléaire, «mais les solutions sont là». Et les entreprises sont prêtes à investir si elles reçoivent un signal clair. La plupart des PME en profiteront pour améliorer leur efficacité énergétique et n’auront pas à en souffrir, d’après Yves Christen.
Ce dernier entrevoit ainsi la création de milliers d’emplois, dans les domaines de l’efficacité énergétique, de la technique du bâtiment et des énergies renouvelables. «De grandes entreprises internationales, mais surtout de nombreuses PME sont prêtes à faire triompher une utilisation plus efficace de l’énergie..»
Pas de blackout
Composé d’environ 75 membres, le comité balaye le spectre du blackout qu’agitent les opposants à l’initiative des Verts, «une menace en l’air que les entreprises ne prennent pas au sérieux». L’argument est racoleur selon Jürg Grossen, conseiller national (PVL/BE) et coprésident du comité: la sécurité de l’approvisionnement est assurée par l’énergie hydraulique, fait-il valoir.
Il ne s’agit pas d’idéologie, mais bien de raison. Raison économique, raison technique, raison environnementale, précise M. Grossen, arguant que la production décentralisée d’énergie est plus sûre que la production centralisée. «Produire du courant dans et sur les bâtiments représente la solution la plus efficace, la plus sûre et la moins chère
Efficacité énergétique
De plus, en cas de sortie du nucléaire, l’énergie hydraulique suisse, «qui souffre de l’offre excédentaire sur le marché électrique européen», se trouverait renforcée. L’approvisionnement serait complété par l’apport des sources renouvelables comme le soleil, le vent et la biomasse.
Efficacité électrique, développement des énergies renouvelables et investissements dans les énergies moins polluantes à l’étranger permettront de remplacer le courant des centrales nucléaires, soutient le coprésident du comité.
Ce dernier insiste sur la notion d’efficacité. Aujourd’hui, près de la moitié de l’électricité produite en Suisse est gaspillée. Le potentiel d’économie, en appliquant des solutions déjà disponibles selon lui, avoisine les 50%.
Les représentants de l’économie membres du comité estiment que la sortie programmée du nucléaire d’ici 2029 laisse suffisamment de temps pour augmenter l’efficacité énergétique et fournir assez de courant de sources renouvelables en Suisse. Mais selon eux, seule la certitude de disposer d’un programme de sortie offre assez de sécurité pour planifier et investir.
Fable de l’indépendance
Quant à la dépendance énergétique de la Suisse vis-à-vis de l’étranger, elle est déjà importante: en 2015, le courant importé d’Allemagne représentait trois quarts de la production des centrales nucléaires suisses. Et parallèlement, la Suisse exportait vers l’Italie une quantité équivalant à près de la moitié de ses besoins.
«L’indépendance de l’approvisionnement est une fable», déclare ainsi Thomas Nordmann, directeur de TNC Consulting et membre du comité, soulignant que ce n’est pas la sécurité de l’approvisionnement qui dicte de tels choix, mais des raisons commerciales.
L’abandon du nucléaire laisse aussi entrevoir des perspectives économiques intéressantes. A l’échelle planétaire, un système énergétique durable se met en place et offre de nombreuses opportunités à l’économie suisse. La Suisse est déjà championne du monde du développement de solutions énergétiquement plus efficientes, se réjouit le comité.

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