Commencé par l’aventure du nucléaire militaire qui s’est soldée par un premier échec avec la catastrophe du tir Béryl le 1er mai 1962 à In Ekker dans le Hoggar, le nucléaire civil avec la construction d’un parc de réacteurs dans les années 1970-1990 afin d’assurer l’indépendance énergétique de notre pays se révèle aujourd’hui être un gouffre financier. Au-delà de la faillite annoncée du programme de nucléarisation doit se poser au plus haut niveau des responsables politiques, et le débat autour de l’élection présidentielle de mai 2017 en fournit l’occasion, la question de la sécurité et de la prise en charge des populations les plus exposées dans l’éventualité d’un accident nucléaire. Les français doivent se préoccuper et même s’inquiéter du sort qu’il leur serait réservé en cas d’un accident majeur sur le réacteur d’une centrale avec une importante fuite radioactive. Comment seraient prises en charge les populations irradiées compte tenu des moyens matériels et financiers considérables à mobiliser pour leur décontamination et, si nécessaire, leur évacuation puis leur suivi médical ?
Des chiffres ont circulé en provenance de l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) sur le coût d’un tel accident. Sans entrer dans la polémique sur la crédibilité des montants annoncés demeure posée la question de la prise en charge. Peut-on faire confiance à l’État compte tenu de sa précédente attitude confronté au drame du tir Béryl en Algérie ? Le nuage radioactif échappé de la montagne abritant le tir a touché par ses retombées de vastes territoires en région subsaharienne où nomadisaient traditionnellement les Touaregs sans oublier les sédentaires des centres de culture. La France, protégée par les accords d’Évian du 19 mars 1962 mettant fin à la guerre d’Algérie, a toujours minimisé l’importance des rejets radioactifs de sa bombe du tir Béryl s’affranchissant ainsi de toute responsabilité sur le sort médical des populations autochtones concernées. Il en sera de même pour les personnels civil et militaire, principalement le contingent, présents sur le site d’expérimentation d’In Ekker.
Parmi les raisons qui peuvent expliquer sans la justifier l’attitude de l’État face à un accident nucléaire tel qu’expérimenté avec Béryl plaçons en tête l’impréparation et donc l’absence de plan de protection des populations pour y faire face, associé à l’inexistence de ressources financières appropriées et dûment budgétées. A cela ajoutons l’arrogance des nucléocrates de tous bords rejetant d’avance toute remise en cause de leur technocratie.
Plus d’un demi-siècle après Béryl, rien n’a changé, semble-t-il, dans la tolérance de l’État pour protéger les prérogatives des tenants du nucléaire français, à commencer par l’Andra et EDF, aux dépends de la mise en danger des populations les plus exposées au risque d’un accident. S’il devait s’en produire un, aucune assurance n’est garantie aux français irradiés d’être pris en charge à la hauteur des risques médicaux encourus puis d’être indemnisés.
Que nos politiques brasseurs d’idées pour réformer le pays s’intéressent aussi à leurs responsabilités face aux dangers du nucléaire aujourd’hui encore mal maîtrisés, un vrai boulet pour la France et les français !
Commentaires récents