Le groupe nucléaire public attend le feu vert de la Commission européenne pour sa recapitalisation de 5 milliards d’euros.
On en a parlé en 2015, on en a reparlé en 2016, et on en parlera encore en 2017 : « On entre dans la phase finale de la restructuration », a indiqué mi-décembre le directeur général d’Areva, Philippe Knoche. Le groupe nucléaire, détenu à 87% par l’État, est en crise profonde depuis plus de deux ans, sous le coup du ralentissement post-Fukushima et d’investissements surcapacitaires, mais surtout de l’acquisition de l’entreprise minière UraMin et des retards accumulés pour l’EPR en construction à Olkiluoto, en Finlande.
Un nouvel Areva deux fois moins gros
Areva a engagé dès le printemps 2015 un plan social pour supprimer 6.000 postes (sur 44.000) dans le monde, dont 4.000 en France. Mais avec une dette qui dépasse désormais 7 milliards d’euros, il n’a pas d’autre choix qu’une recapitalisation massive – 5 milliards d’euros – pour éviter la faillite : à défaut, « on ne pourra pas faire face à l’ensemble des échéances [financières, NDLR] de 2017 », a prévenu Philippe Knoche.
Le groupe a déjà engagé, mi-2015, la cession à EDF de sa division Réacteurs et vendu une série d’actifs (sa filiale de métrologie Canberra, ses réacteurs de recherche et sa propulsion navale militaire logés chez Areva TA, son activité d’éoliennes en mer, etc.). A terme, le nouvel Areva sera deux fois moins gros et recentré sur la gestion du combustible nucléaire (extraction d’uranium, fabrication du fuel, services à la base installée et retraitement des combustibles usés).
Dernière étape
La dernière étape à franchir pour Areva, en ce début 2017, est dans les mains de la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager : il s’agit d’obtenir le feu vert de Bruxelles à sa recapitalisation, qui passe par une aide d’État massive. Pour convaincre les autorités européennes, Areva leur a transmis mi-décembre l’offre des japonais MHI et JNFL d’investir chacun 5% dans le nouvel Areva, pour un montant cumulé de 500 millions d’euros.
Si Bruxelles ne se prononce pas d’ici à fin janvier, ou émet des réserves sur le plan proposé, Areva devra solliciter auprès de l’État un prêt d’actionnaire pour assurer son financement ces prochains mois. Cette « aide au sauvetage » sera d’ailleurs elle aussi soumise à l’approbation de la Commission européenne, qui avait émis des interrogations l’été dernier sur le «« business-plan » » d’Areva. La conjoncture du secteur nucléaire reste de fait difficile, avec un marché de l’uranium et de ses dérivés (conversion, enrichissement…) au plus bas.
Des dossiers en suspens
En 2017, Areva va aussi poursuivre l’audit des 6.000 dossiers de pièces nucléaires fabriquées dans son usine du Creusot (Saône-et-Loire), qui pourrait mettre au jour de nouvelles falsifications. Un dossier qui fait encore peser des risques sur la cession de ces actifs de production à EDF ainsi que sur la capacité industrielle d’Areva à honorer le contrat de construction de l’îlot nucléaire pour les deux EPR d’Hinkley Point (Royaume-Uni).
L’Autorité de sûreté nucléaire se prononcera aussi, en théorie à la fin du premier semestre, sur la conformité de la cuve de l’EPR en construction à Flamanville (Manche). Enfin, le contentieux croisé avec son client finlandais TVO est toujours sous la menace d’un arbitrage international, qui pourrait trouver son issue en 2017… ou en 2018. Un autre sujet à plusieurs milliards d’euros pour Areva.
http://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/0211636633727-a-suivre-en-2017-le-sauvetage-dareva-2055111.php
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