Communiqué de presse rédigé par l’Association « Arrêt du Nucléaire Savoie »
En résumé : une fuite d’eau sur un circuit sensible du réacteur n°3 de la centrale nucléaire du Bugey a entraîné une réparation d’urgence, comme en témoigne un discret rapport publié par l’ASN.
Ce nouvel incident soulève à nouveau la question de la durée de vie de cette centrale mise en service il y a bientôt 40 ans et entourée d’un large bassin de population (Lyon – 35 km ; Chambéry – 56 km ; Genève – 70 km).
Suite à cet incident, en écho avec la « plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui et pollution des eaux » du canton et de la ville de Genève, et en connaissance des causes et conséquences du drame de Fukushima, l’association Arrêt du Nucléaire Savoie appelle une fois de plus à l’arrêt immédiat de la centrale nucléaire du Bugey.
L’association sera présente à Chambéry le samedi 28 janvier de 9h à 12h pour alerter les responsables politiques et informer les habitants.
En détail :Un incident, survenu le 9 décembre 2016 sur le réacteur n°3 de la centrale nucléaire du Bugey, suscite de nombreuses interrogations. Cet incident était passé inaperçu jusqu’à l’alerte d’un militant de l’association Sortir du nucléaire Bugey.
Le rapport de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN – « Gendarme du nucléaire »), paru le 05/12/2016 [1] indique à ce sujet :« Au début du mois de novembre 2016, une augmentation du débit de fuite primaire a été observée sur le réacteur n° 3 de la centrale du Bugey (jusqu’à 74 l/h) […] De par l’humidité qu’elle a généré dans le bâtiment du réacteur (BR), cette fuite a en outre provoqué des défauts sur les détecteurs incendie situés dans le même local. »
Il n’est pas précisé la date de repérage de cette fuite, sans doute bien antérieure à début novembre 2016. On peut observer qu’une fuite d’un débit de 74l/h pendant 30 jours signifie un volume d’eau de plus de 53 000 litres.
Cette eau était-elle radioactive? Où est-elle partie? Des travailleurs ont-ils été contaminés ?
Selon le rapport demandé par l’ASN à l’IRSN (Institut de Radioprotection et Sûreté Nucléaire), [1] cette fuite est localisée en aval de l’échangeur régénérateur du circuit RCV. Celui-ci est raccordé au circuit primaire de refroidissement du réacteur, c’est à dire à la partie la plus radioactive de l’installation. Il sert à y maintenir la pression et à y injecter des éléments chimiques. C’est un organe vital du réacteur et c’est celui qui est à la pression la plus élevée.
Comme en témoigne le rapport de l’IRSN [1] dans un jargon très technique, la réparation présente un caractère d’urgence et est loin d’être aisée:
- EDF a demandé une autorisation à l’ASN pour déroger aux règles normales d’exploitation,
- l’intervention sous-entend (toujours dans un jargon très technique) une exposition radioactive des intervenants : « le domaine API fermé est le domaine à privilégier pour limiter la dosimétrie des intervenants […]» [1]
Or EDF mentionne sur son site que l’arrêt a été effectué « pour permettre aux équipes de la centrale de remplacer un détecteur de fumée et de réaliser une intervention sur une tuyauterie située en partie nucléaire de l’installation », comme si cette intervention était anodine.
EDF souhaitait-elle amoindrir la portée de l’incident?
On voit au moins deux raisons objectives à un tel comportement:
- EDF ayant à cette période de nombreux réacteurs à l’arrêt total ou partiel, dont deux (N°4 et N°5) à la centrale nucléaire du Bugey, souhaitait réparer et redémarrer la production au plus vite pour des raisons économiques.
En 2016, ce réacteur a été arrêté plus de 4 mois cumulant d’importantes opérations de maintenance dont 21 500 heures de travail consacrées aux activités liées à la robinetterie et 14 500 heures consacrées aux examens et contrôles de différents matériels (vannes, moteurs, pompes, etc.). Un incident nécessitant un nouvel arrêt juste après cette longue période de contrôles et de maintenance révélait les déficiences des procédures en place et de la sécurité.
Annoncer la réalité du problème et respecter la procédure normale d’arrêt du réacteur, d’une durée conséquente, ne risquait-il pas d’entamer un peu plus la crédibilité de l’exploitation de ce réacteur et plus généralement de toute la centrale?
La plainte contre X de 2016, de quatre riverains, du canton et de la ville de Genève, pour « mise en danger de la vie d’autrui et pollution des eaux », démontre l’inquiétude générale quant à la vétusté de cette centrale, la deuxième plus vieille de France, sujette à de nombreuses opérations de maintenance, dans des conditions risquées pour les travailleurs et la population environnante.
La position de l’association « Arrêt du nucléaire Savoie » est claire : il faut arrêter immédiatement le fonctionnement de cette centrale, une des plus dangereuse de France du fait de sa localisation et de sa vétusté.
Contact : association Arrêt du Nucléaire Savoie
Mail : , Site : http://arretdunucleaire-savoie.fr/, Tél : 06 37 88 36 41
Adresse : Maison des associations, Boîte L7, 67 rue Saint Francois de Sales, 73 000 Chambéry
[1] Saisine ASN – CODEP-LYO-2016-047546 du 5 décembre 2016 : Avis-IRSN-2016-
00384.pdf
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