Depuis cinq ans, les énergies renouvelables rognent les parts du charbon, du pétrole et du nucléaire dans le mix énergétique. Parmi elles, le solaire, peu coûteux à produit et facilement décentralisable, se taille la part du lion.
Ce mardi 31 janvier 2017, le Syndicat des énergies renouvelables reçoit en colloque le gratin de l’énergie française. Les PDG de Total, d’EDF et d’Engie, ainsi que le patron de l’Agence internationale de l’énergie, se presseront à la tribune pour proclamer leur foi dans l’énergie de demain, le Soleil. Elle était encore impensable il y a seulement cinq ans, cette convergence des grands du secteur au chevet de la plus humble des sources d’énergie dans le monde, qui ne fournit pas plus de 1,5 % des besoins mondiaux en énergie. Une goutte d’eau dans les océans de pétrole et de charbon qui inondent le monde.
L’engouement soudain des spécialistes du pétrole, du nucléaire et du gaz pour le solaire n’est pas philanthropique. Il se déroule depuis cinq ans une révolution silencieuse qui ne leur a pas échappé. Pour la première fois dans l’histoire, en 2015, on a installé plus de capacité de production électrique dans les énergies renouvelables que dans les énergies fossiles. Et le montant investi, 265 milliards de dollars (248 milliards d’euros), y est désormais deux fois supérieur.
L’argent coule à flot et le solaire s’y taille la part du lion. Tout cela parce que la machine industrielle s’est mise en marche, notamment du côté de la Chine. Le coût des panneaux solaires a été divisé par deux depuis 2010 et devrait encore baisser de plus de moitié d’ici dix ans. Cette source d’énergie devient abordable et compétitive par rapport à ses concurrents fossiles ou nucléaires dont les coûts, eux, ont tendance à grimper.
Choix radicaux
Et cela change tout. Parce que le solaire n’est pas un mode de production ordinaire. D’une part il est facilement décentralisable, du plus petit capteur de température à une voiture, un immeuble ou une usine, et, d’autre part, composant électronique lui-même, il peut se coupler facilement à toute la chaîne du numérique. Il porte donc en lui la promesse d’être à l’énergie ce qu’Internet a été à l’information : une nouvelle manière de voir le monde, puisque chacun sera à la fois producteur et consommateur d’énergie.
Cette révolution solaire, qui promet, comme Internet, l’ubiquité et une quasi-gratuité, n’en est qu’à ses débuts et sa montée en cadence sera lente car elle remet en cause des investissements lourds et de très long terme, notamment en matière de réseau. Mais le coup est parti et les initiatives vont fleurir tout le long de cette nouvelle chaîne de valeur, des feuilles capteurs à poser sur une simple fenêtre aux batteries de stockage.
C’est bien ce qui fascine et inquiète les grands opérateurs actuels, désormais confrontés à des choix radicaux. Abandonner progressivement les énergies fossiles, voire le nucléaire, pour tenter de bâtir ce monde de demain, comme tentent de le faire l’italien Enel, l’Allemand E.ON ou le français Engie, ou tenter de conjuguer les deux, comme voudrait le faire EDF. Cela conditionnera pour lui sa stratégie de remplacement des centrales nucléaires. Un enjeu pour les cent prochaines années. Il ne faudra pas se tromper.
http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/01/30/irruption-solaire-dans-le-monde-de-l-energie_5071566_3234.html
NDLR: le programme d’EDF c’est beaucoup de nucléaire et un peu de solaire pour faire semblant de faire comme les autres SAUF QUE: on n’a pas assez d’argent pour faire les 2, alors on choisit le nucléaire parce qu’on est plus malins que les autres.
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