Benoît Hamon affirme que le prolongement de la durée de vie des 58 réacteurs nucléaires français coûterait 50 milliards d’euros.
Le Vrai-Faux de l’info avec le programme écolo de Benoît Hamon.
Le candidat socialiste a fait cette concession au vert Yannick Jadot : il prévoit une sortie intégrale du nucléaire d’ici 2050. Les centrales les plus vétustes devront être fermées pendant son quinquennat. C’est pour lui, une mesure de bon sens.
Benoît Hamon : « Savez-vous quel est le coût de ce qu’on appelle ‘Le grand carénage’ pour maintenir ou prolonger la durée de vie des réacteurs ? On estime que c’est un investissement de 50 milliards« .
Le prolongement de la durée de vie des 58 réacteurs nucléaires français coûterait 50 milliards d’euros, c’est vrai ou c’est faux ?
C’est faux, cela coûterait en fait au minimum le double, selon la Cour des comptes qui a passé au crible les projections d’EDF. L’entreprise publique, qui a lancé cette année son programme de prolongation de la durée de vie de certaines de ses centrales, n’a pris en compte en fait, que les investissements qu’il faudra consentir jusqu’en 2025. Or ce sera plus long, il faut ajouter les coûts d’exploitation pendant la même période. Bref, le montant de la facture serait de 100 milliards. Rien n’est certain car les normes de sécurité pourraient se renforcer d’ici là et donc augmenter les coûts. D’autant que personne n’a pris en compte le respect de la loi. Vous savez qu’elle a changé en 2015, la France est censée réduire la part de nucléaire dans sa production à 50% dans 10 ans, cela suppose d’arrêter la production de 17 à 20 réacteurs. Pour ça rien n’est mis en œuvre : ni calendrier, ni étude d’impact.
100 milliards de dépenses, est-ce que sortir du nucléaire serait une meilleure solution ?
Économiquement et à court terme, ce n’est pas certain. EDF évalue le coût d’un démantèlement total de son parc nucléaire à 60 milliards d’euros, moitié déconstruction, moitié gestion des déchets. Mais cette facture, un récent rapport parlementaire la juge sous-évaluée. Elle ne prend pas en compte par exemple, les coûts de traitement des sols ou de recyclage des déchets. L’Allemagne, souligne d’ailleurs ce rapport, prévoit des montants jusqu’à 2,5 fois plus élevés. En fait, et c’est ce qui est affolant à l’heure où l’on demande aux électeurs de choisir entre des modes de production d’énergie, et d’engager l’avenir de générations : c’est que les défis d’une sortie du nucléaire n’ont quasiment pas été évalués comme si l’option n’était pas vraiment sur la table. On laisse les politiques parler, et puis, la production continue. Parce que, rendez-vous compte : il y a 58 réacteurs en activité, mais il y en a neuf, de la première génération, qui sont à l’arrêt depuis plus de 20 ans. Leur démantèlement n’est toujours pas achevé.
Par Géraldine WOESSNER
http://www.europe1.fr/emissions/le-vrai-faux-de-l-info2/combien-couterait-le-prolongement-de-la-duree-de-vie-des-58-reacteurs-nucleaires-2989880
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