Oublier Mounana, c’est certainement ce que souhaitent certains, cette ville est « une épine dans le pied d’AREVA« .
Mounana, les blessures invisibles est un film documentaire qui entre actuellement en phase de post-production. Votre soutien dans cette campagne de crowdfunding permettra avant tout de soutenir le financement du montage image & son d’un film d’auteur qui se veut indépendant dans sa liberté de point de vue.
Au Gabon, quinze ans après la fermeture de ses mines, Mounana est devenue une ville fantôme. La nature, toute puissante sous ces latitudes, a balayé en quelques années les incroyables efforts déployés par l’homme pour la maîtriser. Dès les années 50, la France, décidée à en exploiter le sous-sol riche en uranium, en avait fait stratégiquement une cité riche et moderne construite ex nihilo loin de la capitale Libreville. Français et Gabonais ont travaillé de concert pendant un demi-siècle sur cette industrie nucléaire alors balbutiante, convaincus qu’ils œuvraient pour l’avenir. Mais le cours du minerai a poussé les Français à arrêter l’exploitation du site et aujourd’hui la ville est redevenue village.
Aujourd’hui la plupart des gens de Mounana sont désœuvrés. À côté des vieux, Roland, Blaise et Florent qui ont vécu l’arrivée des blancs et qui racontent avec émotion leurs souvenirs de la mine et d’un temps qui n’est plus, Jeremy et ses copains encore étudiants balancent entre colère et désillusion ; car pour construire leur vie la plupart n’ont pas d’autre choix que de quitter leur ville. Certains ne baissent pas les bras, à l’image de Millie, qui élève ses enfants avec affection et rigueur entre son job à la mairie, le travail aux champs, et une buvette qu’elle tient avec son mari Constant. Ou encore le «Génie» Tanga, botaniste autodidacte, qui expérimente différentes plantations dans une pépinière dont il attend beaucoup des résultats. Et puis il y a Bongas : respecté par tous, ce jeune père de famille qui fut un temps sportif professionnel a créé un club de foot – l’Académie Sport de Mounana – qui donne un cadre aux jeunes de la cité ouvrière. À force de travail le club est passé premier de sa région cette année. Si tout va bien il va pouvoir atteindre la deuxième division nationale…
Alors peut-être qu’on reparlera, enfin, de Mounana. Mounana oubliée, Mounana abandonnée…
La destinée de Mounana et de sa mine est à mes yeux une allégorie parfaite des relations Nord/Sud: la petite histoire d’un territoire oublié qui raconte si bien la grande… celle avec le « H ». J’ai personnellement connu cette ville à la fin des années 70 : elle vivait alors son âge d’or. Fils d’un géologue expatrié, je courais dans les glaises rouges des bords de la rivière Mitembe aujourd’hui polluée et passais mes journées assis dans l’école aux murs irradiés qu’il a fallu détruire depuis. À mes yeux, Mounana n’est pas seulement le champ de bataille d’intérêts géopolitiques et de stratégies industrielles ; cette ville appartient à la sphère de l’intime, elle me concerne personnellement.
Le destin de cette ville fut tour à tour une épopée industrielle, une aventure humaine, un défi scientifique, un choc civilisationnel, mais il contenait également les ingrédients de la tragédie : logique néocoloniale, manipulation politique, pollution industrielle… Une histoire complexe que la grande forêt africaine a su maintenir étouffée.
15 ans après la fermeture de ses mines que devient Mounana ? Quelles sont les conséquences d’une exploitation d’uranium sur une ville et sur ses hommes ? Que reste-t-il de ce passé commun avec la France et les français ? Quelles traces demeurent d’un Mounana d’avant l’exploitation ? Quels équilibres économiques et sociaux se présentent aujourd’hui ? À quels futurs possibles rêvent ses habitants ? Comment vit-on aujourd’hui à Mounana, dans la « ville uranium » ?
C’est animé par ces questions que je retourne rencontrer les habitants de Mounana aujourd’hui : pour évoquer au présent les questions que posent ce processus de « reconstruction » en essayant de comprendre un passé ; pour collecter une histoire transmise par la parole, que viendront soutenir des images du passée et du présent ; filmer les enjeux, les émotions aussi, de la vie, aujourd’hui, à Mounana.
Très connue dans le monde secret du nucléaire, cette petite ville gabonaise et sa mine d’uranium à la géologie exceptionnelle, a fourni le combustible nécessaire à l’essor du nucléaire français pendant un demi-siècle. Il n’est pas exagéré de dire que l’uranium de Mounana a grandement participé au processus qui a permis à la France, au lendemain de la seconde guerre mondiale, de réussir son basculement d’ « empire colonial » à « puissance nucléaire ».
Il y a une dizaine d’années Mounana s’est invitée dans l’actualité française. Un rapport de SHERPA* et Médecins du Monde avait tenté d’alerter l’opinion sur la situation de cette petite ville du haut Ogooué gabonais et de ses anciens mineurs. L’exploitation venait de fermer ; la presse locale hurlait à l’empoisonnement post-industriel, dénonçant une population sacrifiée, quand AREVA faisait du greenwashing et invitait qui voulait à venir se perdre dans cette zone reculée d’Afrique pour montrer sa bonne foi et ses bonnes pratiques. À l’époque, même si certains cherchaient des voies d’apaisement et proposait des options de reconversions économiques, la plupart des politiques locaux et français étaient en froid, et mettaient la pression sur l’industriel qui faisait l’autruche quand il ne balayait pas le sujet avec mépris.
L’uranium est une substance qui fait peur, sujette à de nombreux fantasmes. Cette atmosphère est en partie créée par la difficulté de la population à obtenir des informations qu’elle jugerait fiables et objectives sur la situation sanitaire et environnementale. Actuellement il est difficile de déterminer avec précision le niveau de dangerosité du site. Les rapports officiels (AIEA, AREVA, CNPPRI – Agence de protection Gabonaise, ASN, Sénat) se veulent rassurants et parlent d’une exposition naturelle conforme aux normes en vigueur, quand les associations (CATRAM, association d’anciens travailleurs, CRIIRAD, Médecin du Monde) parlent de manquements, de pollution industrielle et de mise en danger d’autrui.
À quoi va servir le financement ?
Votre soutien permettra d’aider à financer la phase de post-production et notamment le montage image & son, étape clé de l’écriture du film.
Nous accédons à la salle de montage et rémunérons la talentueuse monteuse Nadine Verdier pour lancer le montage image du film.
Le compositeur Ian WilIiams apporte sa créativité pour accompagner la narration avec une bande originale.
Le mixage son vient ensuite harmoniser cette bande sonore avec les dialogues et ambiances du film.
Nous complétons le film d’un habillage graphique et ajoutons des séquences d’infographies pour faciliter la compréhension du sujet, notamment la topographie du site de Mounana (carte).
La touche finale, le dernier coup de pinceau qui donne tout son éclat au film : l’étalonnage.
Le film terminé est envoyé au labo pour en faire plusieurs exports aux formats nécessaires pour les projections à venir.
25 000 Euros sont nécessaires pour terminer le film.
Plus de détails et extrait du film sur: https://fr.ulule.com/mounana-le-film/
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