Suite (2ème partie) de la transcription en français et en japonais du documentaire diffusé sur la télévision NHK au sujet des particules radioactives insolubles.
NDLR : partie 1 diffusée sur https://savoie-antinucleaire.fr le 23 juillet 2017
Les particules solubles dans l’eau…
Des particules radioactives insolubles qui ne se dissolvent pas dans l’eau. C’est cette caractéristique-là qui est censée faire toute la différence, quant aux effets sur la santé.
Il était admis jusque-là que le Césium radioactif émis pendant un accident nucléaire était dispersé au loin dans l’atmosphère, en adhérant à des particules solubles dans l’eau, qu’on appelle des aérosols. Ces particules fondent au contact de l’eau puis le Césium se disperse et se dilue. C’est la même chose en cas d’inhalation dans les poumons : le Césium soluble dans l’eau fond dans les fluides corporels et se disperse imperceptiblement dans l’organisme. Puis la radioactivité se décharge progressivement sous l’effet du métabolisme corporel, jusqu’à décroître de moitié au bout de 80 à 100 jours, dans le cas d’un adulte.
Mais s’agissant en revanche de particules radioactives insolubles…
Mais s’agissant en revanche de particules radioactives insolubles, elles ne se dissolvent pas dans les fluides corporels. Par exemple, si elles adhèrent aux alvéoles au plus profond des poumons, il peut se passer des années avant qu’elles ne soient éliminées de l’organisme. Pour une quantité identique en Césium et dans le cas d’un adulte, la dose d’exposition dans les poumons est 70 fois plus élevée qu’en présence de Césium soluble dans l’eau. Et dans le cas des enfants, qui sont davantage radio-sensibles, on estime que la dose d’exposition est de l’ordre de 180 fois plus élevée
Les matériaux isolants
En fait, on n’avait pas identifié de particule radioactive insoluble dans les précédents accidents nucléaires. Pourquoi a-t-elle été émise lors de l’accident à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi ?
Yukihiko Sato, qui fait des recherches sur cette particule, étudie les matériaux isolants formés de composants en verre. On en trouve dans certains éléments de la centrale nucléaire, comme les canalisations.
On utilise un microscope électronique spécial pour déterminer en quelle proportion des éléments sont contenus dans les particules radioactives et dans le matériau isolant.
On peut voir en haut les particules radioactives et en bas le matériau isolant.
La proportion d’éléments comme le silicone ou l’oxygène, qui sont les principaux composants du verre, correspond bien à celle qu’on retrouve dans les particules radioactives.
L’hypothèse du scénario
À partir de là, Monsieur Sato a émis l’hypothèse du scénario suivant :
Il y eut des émissions de Césium radioactif, provenant du combustible nucléaire qui a fondu au cours de l’accident. Il a dans un premier temps empli le réacteur. Puis, il a fui dans l’enceinte de confinement.
Du Césium a été absorbé à l’intérieur du matériau isolant, dans l’enceinte.
C’est ensuite que le bâtiment-réacteur a été soufflé par une explosion d’hydrogène.
Étant donné que le matériau isolant se vitrifie en fondant, le Césium s’est retrouvé en inclusion. Et au moment de l’explosion, il a été dispersé par le choc sous la forme de minuscules particules.
Leurs tailles et formes
Les particules qu’a découvertes Sato ont un diamètre compris entre 0,5 et 500 micromètres. Leurs formes variées vont de la bille lisse, jusqu’à la forme irrégulière.
Une simulation des effets sur la santé
Tatsuhiko Sato, de l’Agence de l’énergie atomique japonaise (JAEA).
Il a fait une simulation des effets des particules radioactives insolubles sur la santé, en utilisant un programme qui calcule le comportement de chacun des rayonnements. Pour cette simulation, il s’est servi d’une particule de la dimension de celles qui sont susceptibles de pénétrer dans les poumons, et qui a réellement été retrouvée.
Il a comparé une simulation faite avec des particules radioactives insolubles adhérant à un même grain à la surface de l’organe, et une simulation avec une quantité équivalente de substances radioactives adhérant uniformément à la surface.
Dans le cas de l’adhérence uniforme
Dans le cas de l’adhérence uniforme, même après 24 heures, des zones bleues et bleu clair se sont dispersées, ce qui indique que la dose de radioactivité est faible.
Dans le cas de la particule isolée
Mais dans le cas de la particule isolée, la dose à proximité du grain augmente localement et des zones orange et rouges vont en s’agrandissant.
L’effet sur la santé peut être différent
Même dans le cas d’une quantité identique de substances radioactives, l’effet sur la santé peut être différent.
Une enquête sur des salariés de TEPCO
Il existe en vérité des données concernant des individus susceptibles d’avoir inhalé des particules radioactives insolubles. Il s’agit d’une enquête sur des salariés de TEPCO exposés à de fortes doses au moment de l’accident nucléaire.
Des particules radioactives insolubles seraient restées dans les poumons…
La dose de radioactivité qui a contaminé leur organisme fait l’objet d’examens réguliers et le graphique en rouge montre que la valeur dans le voisinage de la poitrine est relativement élevée. Tandis que le Césium radioactif qui a été disséminé dans le corps entier a décru au fil du temps, en revanche autour de la poitrine la vitesse de décroissance a été lente. On pense que des particules radioactives insolubles ont été inhalées et qu’elles sont restées dans les poumons.
Des avis des chercheurs…
Néanmoins, certains chercheurs rapportent qu’il s’agit d’une quantité trop peu significative pour avoir une incidence sur la santé, selon la Commission Internationale de Protection contre la Radioactivité (ICRP).
Kai : Tout d’abord, vous n’êtes pas sans savoir que la dose est la mesure des effets sur la santé.
Cependant, si vous voulez faire des comparaisons de doses, vous ne pouvez pas faire de comparaison entre de petites surfaces exposées et de grandes surfaces exposées.
Dans le cas général, plus la surface des expositions est étendue, plus l’impact sur la santé est important. Dans la même idée, plus la dose moyenne reçue par un organe ou un système dans son ensemble est importante et plus grand est l’impact.
C’est pourquoi il est important d’évaluer la dose moyenne reçue par un organe, y compris dans le cas de la particule insoluble. Il est possible toutefois que la dose devienne élevée à un endroit très localisé, c’est pour cela qu’il est important de faire une estimation rigoureuse, si quelqu’un manifestait de l’inquiétude à ce propos.
C’est la raison pour laquelle on est en train de réaliser ce genre d’évaluation.
Takeda : l’exposition totale plus que l’exposition locale est …
Kai : Dans le cas de niveaux de doses identiques, l’impact sur la santé sera plus important si la surface des expositions est plus étendue.
Takeda : Vous voulez dire que l’impact est plus important mais qu’il est nécessaire d’examiner aussi l’exposition locale.
Kai : Je pense qu’il faut l’examiner attentivement.
(À suivre en partie 3)
Nous tenons à remercier Javale Gola pour sa traduction en français.
Pour visualiser les nombreuses photos explicatives, cliquez sur :
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