La construction de deux réacteurs nucléaires aux États-Unis, qui devaient entrer en service à la fin de l’année 2019, a finalement été abandonnée. En cause, la chute du géant américain de l’atome Westinghouse qui provoque l’explosion des coûts.
En Caroline du Sud (États-Unis), deux nouveaux réacteurs nucléaires devaient entrer en service d’ici 2019 sur le site de la centrale nucléaire de Virgil Summer, près de Jenkinsville, afin de compléter la première tranche Summer 1, construit en 1982. Mais las : ce projet pharaonique initialement estimé à 5 milliards de dollars (environ 4,2 milliards d’euros) ne sera finalement jamais achevé, ont annoncé le 31 juillet 2017 les compagnies d’énergie qui géraient le projet (Santee Cooper et South Carolina Electric & Gas – SCE&G). La raison invoquée ? Une mauvaise estimation des coûts de construction, qui auraient explosé le budget initial.
Suite à la faillite de Westinghouse, le projet n’était plus rentable
Santee Cooper a précisé qu’en raison des retards pris dans la construction, les deux réacteurs, situés en Caroline du Sud, n’auraient pas pu entrer en service avant 2024, quatre ans après la date initialement prévue. Autre raison : le projet en question, appelé V.C. Summer, avait été lancé en 2008 avec Westinghouse, une société américaine rachetée en 2006 par le japonais Toshiba. Or, Westinghouse a déposé son bilan en début d’année, ce qui a noirci l’horizon de rentabilité économique future de la centrale.
Surcoûts.
Dans son communiqué, Santee Cooper indique que le coût total du projet Summer avait flambé par rapport aux estimations initiales, alourdi par les retards et les exigences de sécurité, au point d’être multiplié par deux et d’atteindre environ 11,5 milliards de dollars. « Notre évaluation a montré qu’il aurait coûté trop cher et que cela aurait pris trop longtemps de finir la construction des deux réacteurs. Et nous ne pouvons pas demander aux consommateurs de payer la différence pour un projet qui n’est plus rentable économiquement ». Du côté de SCE&G, on précise : « Même s’il eut été faisable d’achever la construction d’un réacteur, cette option s’est retrouvée éliminée quand Santee Cooper a décidé de suspendre la construction du projet. Il n’est plus réaliste sur le plan économique pour nous de continuer seuls et la voie la plus prudente est pour SCE&G d’arrêter le chantier des deux réacteurs ».
Les États-Unis et le nucléaire : une posture paradoxale
Cette décision ne laisse plus que deux réacteurs actuellement en construction aux États-Unis, dans l’État voisin de la Georgie, qui s’ajoutent à la petite centaine actuellement en service. Mais ces deux autres réacteurs en chantier ont également du mal à trouver des financements suite à la faillite de Westinghouse. Sur le volet nucléaire, la position des États-Unis est paradoxale : ces derniers restent le premier producteur d’énergie nucléaire au monde, mais ce secteur représente moins de 10% de la production d’énergie totale du pays. Très en vogue dans les années 1960 et 1970, le secteur du nucléaire civil américain reste marqué par l’accident de Three Mile Island en Pennsylvanie en 1979. Depuis 1996, aucune nouvelle centrale n’a été raccordée au réseau électrique.
https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/nucleaire/la-construction-de-deux-reacteurs-nucleaire-definitivement-interrompue-aux-etats-unis_115240
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