Mgr Silvano Tomasi, l’ancien observateur permanent du Saint-Siège aux Nations unies, appelle les États-Unis et la Corée du Nord au dialogue et à la négociation diplomatiques. Ce faisant, il réaffirme l’engagement du pape François pour le désarmement nucléaire.
En réponse à l’escalade verbale entre les présidents américain et nord-coréen, Donald Trump et Kim Jong-un, Mgr Silvano Tomasi a rappelé que le dialogue doit être la voie privilégiée des relations diplomatiques, « pour ne laisser personne à l’écart sur le chemin du bien commun ».
Mgr Tomasi est un fin connaisseur des relations internationales : il a été pendant treize ans l’observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies et n’a quitté ces fonctions que l’an dernier, à l’âge de la retraite (75 ans).
« La voie du conflit est toujours mauvaise », a déclaré Mgr Tomasi, et il faut « investir le temps, l’énergie, l’argent et les ressources » nécessaires pour éviter d’en arriver à ce point de la crise. Cette attitude diplomatique est aussi une disposition politique : « Au lieu d’élever des murs (…) nous devons changer notre culture publique [en ne cherchant pas] à posséder les dernières technologies militaires, mais en ayant une approche inclusive. » Une référence directe aux attitudes respectives de Donald Trump et de Kim Jong-un : le premier a prévenu mercredi 9 août que l’arsenal nucléaire américain était « plus puissant que jamais », l’autre a répondu ce matin que l’armée nord-coréenne voulait tirer quatre missiles sur l’île américaine de Guam, dans le Pacifique.
Mgr Tomasi rappelle également que le 1er janvier 2017, dans son message pour la cinquième journée de la paix, le pape François avait appelé tous les hommes à « faire de la non-violence [leur] style de vie ». Cette éthique de la non-violence n’est évidemment pas une forme de résignation, mais « un engagement actif dans la promotion de ce qui est bon et qui évite la confrontation ».
L’engagement du pape François pour la non-prolifération des armes nucléaires
Dans son message pour la paix, François évoquait notamment la menace de la guerre nucléaire. Il a réaffirmé sa volonté de voir appliquer le traité de non-prolifération des armes nucléaires dans un message adressé à l’ONU pour la conférence sur l’abrogation des armes nucléaires, qui s’est tenue à New York du 27 au 31 mars : elle avait réuni 113 des États membres et aucun des membres du conseil de sécurité.
Le pape avait alors montré « l’insuffisance de la dissuasion nucléaire comme réponse efficace » aux défis du XXIe siècle que sont « le terrorisme, les conflits asymétriques, la cybersécurité, les problèmes environnementaux [et] la pauvreté ». De surcroît, l’idée même de dissuasion nucléaire est à rebours d’une politique de la « confiance mutuelle [qui] ne peut être construite qu’à travers un dialogue véritablement tourné vers le bien commun ». Loin de tout angélisme, le pape François souhaitait que la conférence fût une étape décisive dans l’acheminement vers un monde sans armes nucléaires, reposant sur une « éthique de la paix et de la sécurité coopérative ».
En condamnant aussi fermement la prolifération nucléaire, le pape François s’inscrit tout à fait dans le prolongement de la doctrine sociale de l’Église postconciliaire : depuis Jean XXIII, tous les papes ont dénoncé avec la même force les inégalités et les menaces causées par le développement des armes nucléaires. Cinquante-cinq ans après 1962, le discours de l’Église n’a pas changé, mais la tension nucléaire n’est pas non plus retombée.
Article de Baptiste Protais
http://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/Pape/Lappel-paix-Vatican-dossier-nucleaire-nord-coreen-2017-08-10-1200868923
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