En dépit des sanctions internationales, Pyongyang poursuit avec succès son programme militaire
Une communauté internationale divisée
C’est à chaque fois le même cycle : un nouvel essai nucléaire nord-coréen – le 3 septembre, c’était le sixième – auquel les Occidentaux jugent qu’ils ne peuvent pas ne pas réagir. À leurs yeux, il faut renforcer l’isolement de la République populaire démocratique de Corée pour la contraindre à abandonner ses ambitions nucléaires. La Chine s’agace elle aussi de ce défi à l’ordre international et à ses propres injonctions, mais craint également d’affaiblir son voisin au point de le faire vaciller.
Elle juge que le dialogue est la seule solution et propose que la Corée du Nord cesse ses essais nucléaires et balistiques en échange d’un abandon des exercices militaires entre les armées américaine et sud-coréenne. Elle résiste, jusqu’à ce que Pékin et Washington trouvent un compromis sur le niveau de sévérité d’un nouveau train de sanctions.
LES PARTISANS DU DIALOGUE
Chine : un allié de plus en plus irrité
Soutien historique de Pyongyang, Pékin maintient la Corée du Nord à flot économiquement (85 % de son commerce extérieur), par crainte de voir le régime s’effondrer et les troupes américaines s’installer à sa frontière. Sous la pression des États-Unis, l’ONU souligne régulièrement le rôle central de la Chine comme porte d’accès de Pyongyang aux marchés internationaux. Les ambitions nucléaires nord-coréennes inquiètent néanmoins Pékin, qui craint un conflit dans la région.
Russie : un dilemme dont il est difficile de sortir
Frontalier de la Corée du Nord et parrain politique du temps de l’URSS, Moscou estime que les sanctions sont « inutiles et inefficaces », car Pyongyang n’abandonnera pas son programme nucléaire sans garanties de sécurité des États-Unis. « Il est impossible de leur faire peur », a déclaré le président Poutine. La Russie condamne les essais nucléaires à répétition de son voisin, tout en considérant qu’ils ne la menacent pas directement.
LES PARTISANS D’UNE LIGNE DURE
États-Unis : sanctions et menaces
Durant l’été, le président des États-Unis, Donald Trump, a multiplié les déclarations belliqueuses à l’égard de Pyongyang. Garants de la sécurité du Japon et de la Corée du Sud, les États-Unis sont désormais à portée des missiles nord-coréens. Ils organisent deux fois par an des exercices militaires en Corée du Sud, que la Corée du Nord considère comme la répétition d’une invasion. Washington exige que la Chine fasse pression sur son turbulent voisin.
Japon : une cible prête à se réarmer ?
Le 29 août, un missile balistique a survolé l’île d’Hokkaido, déclenchant une alerte. L’Archipel abrite les plus importantes bases américaines en Asie. Le premier ministre, Shinzo Abe, arguant de la montée en puissance chinoise, mais aussi de la menace nord-coréenne, veut réformer la Constitution pacifique de 1947.
Union européenne : la diplomatie plutôt que la confrontation
Membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, Paris et Londres votent en général avec Washington sur ce dossier. Après le sixième essai nucléaire, réalisé par Pyongyang le 3 septembre, la chef de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini, a obtenu l’accord des Vingt-Huit sur un renforcement des sanctions.
Corée du Sud : les frères hésitants
Depuis la division de la péninsule à l’issue de la seconde guerre mondiale, puis de la guerre de Corée (1950-1953), les États-Unis sont les garants de la sécurité de la Corée du Sud, où 28 500 militaires américains sont déployés. La relation au frère ennemi du Nord est un point de clivage de la politique sud-coréenne. Élu en mai, le président progressiste sud-coréen, Moon Jae-in, répète sa détermination à reprendre le dialogue avec le Nord, tout en appuyant un renforcement des sanctions.
Malgré les sanctions, le programme nucléaire nord-coréen progresse
L’isolement diplomatique renforcé de la Corée du Nord convainc encore davantage Pyongyang de l’hostilité des États-Unis à son égard. Le régime considère que l’arme nucléaire est la clé de sa survie ; ses fonctionnaires citent régulièrement l’exemple de la chute de Saddam Hussein, en Irak, qui n’en était pas doté. Si Kim Jong-il a fait avancer le programme nucléaire, son fils Kim Jong-un peut revendiquer le succès du développement des missiles balistiques, après en avoir testé deux en juillet, qui ont atteint une altitude démontrant qu’ils ont la capacité d’atteindre les États-Unis. Ce « succès » rapproche un peu plus Pyongyang de l’acquisition d’une force de dissuasion crédible.
Le 15 août, moins d’une semaine après les dernières sanctions votées par le Conseil de sécurité de l’ONU, Pyongyang a répliqué en tirant un nouveau missile, qui a survolé le Japon.
http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/visuel/2017/09/16/coree-du-nord-une-aventure-nucleaire-que-rien-ne-semble-arreter_5186717_3216.html
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