La justice refuse d’annuler la décision insensée de l’Autorité de « sûreté » nucléaire qui a validé la cuve défectueuse du réacteur nucléaire EPR en construction à Flamanville (Manche). Au contraire, l’Observatoire du nucléaire est condamné à payer 3000 euros…
Il est donc écrit qu’aucune institution française, pas même la justice, ne peut empêcher l’industrie nucléaire et ses séides – en l’occurrence l’Autorité de « sûreté » nucléaire (ASN) – de prendre les décisions les plus insensées.
En effet, la justice a débouté ce jour l’Observatoire du nucléaire qui lui demandait d’annuler la décision irresponsable de l’ASN laquelle, bafouant ses propres exigences, a validé l’utilisation par EDF de la cuve défectueuse du réacteur EPR en construction à Flamanville (Manche).
De façon sidérante, le tribunal a rejeté le référé sous prétexte que le péril n’était pas imminent, alors que la mise en service de l’EPR est annoncée pour 2018 : faut-il donc attendre la veille pour faire un référé ?
L’Observatoire du nucléaire est même condamné à verser 1000 euros à chacun des coupables (Areva, EDF, ASN), soit un total de 3000 euros, une somme infime pour ces entreprises habituées à gaspiller par milliards l’argent public, mais très lourde pour l’Observatoire du nucléaire, vaillante mais modeste association loi 1901.
Pour mémoire, ayant saisi la justice dès mai 2016 (*) dans le cadre de l’affaire des pièces défectueuses sorties des usines Areva du Creusot, et désigné l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) parmi les responsables de cet incroyable scandale, l’Observatoire du nucléaire conteste logiquement à l’ASN le droit de valider la cuve du réacteur EPR de Flamanville, car cette cuve fait précisément partie des dites pièces défectueuses.
Contrairement à ce que veulent faire croire les promoteurs du nucléaire, qui tentent de réhabiliter l’ASN pour bénéficier de sa coupable indulgence, ce n’est pas l’ASN qui a saisi la justice : elle n’a fait que rejoindre la plainte de l’Observatoire du nucléaire, six mois après lui, de toute évidence pour essayer de se placer du bon côté de la barre.
Mais la ficelle est grossière et ne saurait exonérer l’ASN de ses fautes majeures. En effet, l’ASN est nécessairement coupable dans cette affaire car elle n’a au « mieux » rien vu, au pire rien dit pendant des années, et elle a aussi commis une lourde faute en décembre 2013 en autorisant EDF à installer la cuve dans le réacteur en construction.
Et, comme nous l’avons dénoncé depuis des années et comme cela a été récemment confirmé de façon incontestable par l’enquête menée pour Radio-France par Sylvain Tronchet, l’ASN savait bien avant 2013 que la cuve de l’EPR était probablement défectueuse.
L’Observatoire du nucléaire avait donc déposé devant la justice un référé pour interdire à l’ASN de valider la cuve de l’EPR, au moins le temps que ses responsabilités soient établies et sanctionnées dans l’affaire du Creusot.
Alors que des voix s’élèvent – même venues de chez les industriels – pour s’émouvoir de cette prise de risque insensée, on peut estimer qu’il s’agissait là probablement de la dernière chance d’éviter une irresponsable mise en service de l’EPR avec sa cuve défectueuse, et la perspective d’une catastrophe touchant l’Europe entière.
http://www.observatoire-du-nucleaire.org/
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