LA CORÉE DU NORD : UN ÉTAT TERRORISTE ???

Les tensions ne cessent de monter autour de la péninsule coréenne ces derniers mois. En effet ces derniers mois, Pyongyang a réalisé une série inédite de tests de missiles et a procédé à l’essai d’une bombe à hydrogène (bombe H). En réponse, le Japon (128 millions d’habitants), la Corée du Sud (52 millions d’habitants) et les États-Unis ont mené une série d’exercices dirigés contre la Corée du Nord (26 millions d’habitants).

La Russie et la Chine ont proposé à la Corée du Nord de décréter un moratoire sur les tests nucléaires et les tests de missiles, appelant parallèlement les États-Unis et la Corée du Sud à s’abstenir de toute manœuvre militaire dans la région et ce au nom de la stabilisation sur la péninsule. Washington a laissé cette initiative sans suite. !!!!

La réponse est venue, le 20 novembre 2017, le Président étatsunien Trump vient de mettre la Corée du Nord sur la liste des pays qui aident le terrorisme. En conséquence, les sanctions seront de facto augmentées. Cet acte qui assujettit ce pays à un blocus très sévère, peut être considéré comme une déclaration de guerre à la Corée du Nord.

I – Pourquoi, en dépit des sanctions, la Corée du Nord veut une force de frappe nucléaire ?

Ce pays a été rasé par les bombes américaines après la guerre, des villages entiers détruits : plus de 4 millions de civils tués. Voilà pourquoi la Corée du Nord déteste autant les États-Unis d’Amérique… (Voir ANNEXES) https://mirastnews.net/2017/08/12/voila-pourquoi-la-coree-du-nord-deteste-autant-les-États-unis-damerique/

Les USA et leurs alliés de la région ne cessent de provoquer, notamment chaque année au moment des récoltes : les manœuvres militaires US mobilisent les militaires nord-coréens à une période où leur aide aux paysans pour la récolte est indispensable, en raison de terrains très montagneux.

Sans oublier que la Corée du Nord est confrontée à une stratégie d’embargo économique et financier particulièrement cruelle et inhumaine, auquel il faut ajouter en plus d’incessantes provocations militaires simulant une attaque nucléaire de grande envergure contre ses villes.

La Corée du Nord n’a donc d’autre choix possible que de se doter d’un bouclier militaire crédible. Ceci justifie les tirs de missiles, la conception de nouveaux moteurs à propergol solide et la production de nouvelles ogives nucléaires.

Le sort funeste réservé à des pays ayant accepté de désarmer ou à se défaire de leurs armées (Irak, Libye) ou encore l’assaut systématique mené contre des pays jugés hostiles à Washington (Serbie, Syrie, Venezuela) a convaincu Pyongyang de l’impossibilité de négocier avec le diable.  Reste donc la dissuasion nucléaire et conventionnelle.

C’est pourquoi, en septembre 2017, la Corée du Nord a testé avec succès une bombe H qui, selon les évaluations d’experts nippons et sud-coréens, pourrait être 10 fois plus puissante que les bombes nucléaires d’Hiroshima et Nagasaki. Il s’agit du sixième test nucléaire mené par Pyongyang.

Il ne faut pas non plus oublier les richesses de la Corée du nord propres à attiser bien des convoitises. Au-dessous de la surface de la montagne, la plupart des terres sont des réserves minérales importantes : le fer, l’or, la magnésite, le zinc, le cuivre, le calcaire, le molybdène, le graphite et plus encore, environ 200 sortes de minéraux. Il existe également de grandes quantités de terres rares,

Les estimations de la valeur des ressources minérales du pays ont considérablement varié au cours des années, rendues difficiles par le secret et le manque d’accès. Selon une estimation d’une société minière d’État d’origine sud-coréenne, ils valent plus de 6 billions de dollars.

II – Qu’arriverait-il si les USA frappaient la Corée du Nord ?

L’envoi d’un groupe aéronaval américain dans la région de la péninsule de Corée donne l’impression que les États-Unis s’apprêtent à donner au dirigeant nord-coréen Kim Jong-un la même leçon qu’à son homologue syrien Bachar al-Assad.

En réalité, de brèves consultations avec des spécialistes auraient suffi à la Maison blanche pour comprendre l’ampleur des problèmes qui seraient engendrés par une telle frappe.

Ainsi, dès les premiers jours d’un conflit militaire dans la péninsule de Corée des centaines de milliers de personnes perdraient la vie, et cela même si l’arme nucléaire n’était pas utilisée, annonce l’agence Bloomberg se référant à un rapport du service de recherche du Congrès des États-Unis.

Face à un tel désastre, pourquoi les dirigeants nord-coréens s’entêtent-ils ?

III – Que veut Kim Jong-un

À l’instar de son grand-père Kim Sung-il auquel il ressemble, Kim Jung-un ne se fait aucune illusion quant à la nature véritable des « monstres » belliqueux d’en-face. Il sait par-dessus tout qu’un Traité de paix est la dernière chose qu’ils veulent.

Kim Jong-un veux, avant tout, amener les États-Unis à signer un traité de paix avec son pays.

Il veut également assurer la souveraineté de son pays. Ainsi, Kim Jong-un a aussi souligné que son pays entendait accroître ses coopérations avec le Mouvement des non-alignés :

« Les pays bâtissent leur avenir grâce à leur puissance et aucun pays ne devrait se soumettre aux exigences maximalistes d’autrui. Les États-Unis ont attaqué les pays qui étaient faibles sur le plan militaire. Nous sommes pour la paix, mais nous ne reculerons pas d’un iota, des intérêts de notre pays. Nous continuons de nous confronter à Washington sérieusement jusqu’à ce qu’il renonce à ses politiques hostiles et ses menaces. »

Contrairement à ce que rapportent les médias des pays hostiles à la Corée du Nord, Kim Jong-un a non seulement démontré sa rationalité mais également une certaine capacité à la planification stratégique et la flexibilité pragmatique que ses adversaires ne veulent pas reconnaître par pur mépris.

Kim Jong-un n’est pas un fou de guerre. Il a proposé à de nombreuses reprises que la Corée du Nord et les USA signent un traité de paix, chaque fois il a essuyé un refus d’Obama et maintenant de Trump. Kim Jong-un veut une paix durable pour toute la région.

IV – Le risque demeure d’un dérapage sanglant

Imaginons un instant qu’en apprenant que Pyongyang prépare les essais d’un missile intercontinental, Donald Trump décide d’utiliser la force contre la Corée du Nord.

Dans un scénario mou, les USA pourraient se limiter à une attaque contre le missile prêt pour les essais, voire tenter de l’intercepter après son décollage. Cela ne provoquerait pas de scandale mais ne ferait pas non plus beaucoup d’effet : le travail sur les missiles continuerait, même si l’échec des essais le ralentirait.

Dans un scénario plus poussé, les USA pourraient essayer de neutraliser certains sites cruciaux du complexe balistique nord-coréen : les centres de production d’armement, les centres d’essai et les entrepôts. Bien que ces sites soient minutieusement cachés et se situent généralement sous terre, et que les USA ne disposent pas d’information sur la plupart d’eux, cette frappe est théoriquement possible.

Dans ce dernier scénario, le gouvernement nord-coréen doit riposter car sa population est en danger et l’intégrité de son territoire menacée.

La Corée du Nord ne peut admettre d’être impunément agressée et doit engager une réponse proportionnelle à l’attaque de sa souveraineté, sachant que les USA ont toujours refusé jusqu’à présent la solution diplomatique qui lui a toujours été offerte par la Corée du Nord : traité de paix entre les deux pays.

V – Pourquoi les USA perdront la guerre contre la Corée du Nord

Selon le général Jean-Marc Jouas, ancien chef de l’armée américaine dans la péninsule coréenne, les effectifs militaires nord-coréens dans la région dépassent ceux des États-Unis et de leur alliée la Corée du Sud, ce qui se traduirait par une défaite des États-Unis en cas de conflits.

En effet, selon les données du général Jouas, l’armée nord-coréenne compte plus de 1,2 millions de soldats, tandis que les États-Unis n’en ont que 28.000 dans la région et la Corée du Sud, 490.000 militaires, informe The Daily Mail, en faisant référence à la lettre adressée par M. Jouas au Parti démocrate le 7 novembre2017.

« À l’inverse de tous les conflits de l’époque de la guerre de Corée, nous ne pouvons pas renforcer nos effectifs juste au début des opérations militaires car Kim Jong-un anticipera toute tentative, en lançant une offensive », écrit Jouas.

Dans le même temps, le général souligne que l’acheminement de forces supplémentaires dans la région en cas de guerre pourrait prendre des mois, tandis que la temporisation serait critique pour les forces américaines « peu nombreuses » dans la région.

VI – La position de la Chine

Un représentant spécial chinois est arrivé à Pyongyang, le 17 novembre 2017. Quelle a été sa mission ?

Song Tao est le nom de l’émissaire du président chinois Xi Jinping. Cette visite est qualifiée de « geste important » par Donald Trump qui exhorte Pékin à renforcer la pression pour endiguer les ambitions nucléaires de Pyongyang.

Mais, le principal objectif pour la Chine est de stabiliser la situation avec son voisin la Corée du Nord : la dernière chose que la Chine veut est un conflit dans la péninsule coréenne et elle ne veut surtout pas voir Kim Jong-un éliminé. Le principal souci de la Chine est donc d’apaiser les tensions le long de ses frontières.

Par ailleurs, elle ne veut certainement pas que des millions de réfugiés soient déplacés dans le cadre d’un conflit.

La Chine ne franchira pas le Rubicon pour satisfaire les lubies de Trump qui veux désarmer la Corée du Nord, alors que les US ont des bases militaires tout autour et font régulièrement près de ses côtes des manœuvres militaires depuis des années.

CONCLUSION

Les États-Unis, la puissance atomique numéro 1 avec 1 950 ogives explosives actives, ne supportent pas que la Corée du Nord veuille se protéger de toute agression avec des missiles et l’arme atomique. La solution logique étant le désarmement général de tous les pays possédant l’arme nucléaire.

Les États-Unis sont également de loin le numéro 1 en matière des « va-t-en-guerre » : depuis la Seconde Guerre Mondiale, les États-Unis ont directement participé à environ 60 guerres – la Corée du Nord n’a plus participé à aucune depuis la guerre de Corée (de 1950 à 1953).

La Corée du Nord ne s’est jamais immiscée dans les destins d’autres pays, contrairement aux États-Unis qui ont fait tomber des gouvernements et qui ont financièrement – militairement secondé des groupes d’opposition dans d’autres pays. Ne sont-ils pas le premier pays terroriste ?

Pourquoi, mettre la Corée du Nord sur la liste des pays qui aident le terrorisme. Aiderait-elle les États-Unis ?

Le blocus à l’encontre de la Corée du Nord est un crime, car il enferme le peuple coréen dans des privations mortifères. Mais le peuple coréen très attaché à sa sécurité et à son indépendance soutient son gouvernement dans sa politique d’affrontement avec l’Empire US.

Parallèlement, d’importantes manifestations ont eu lieu en Corée du Sud contre Trump, pour dénoncer l’installation de missiles US Thaad et pour la paix dans la péninsule.

La Corée du nord reprendra ses essais au printemps car il n’y a pas d’essais pendant l’hiver. Elle ressortira plus forte et Trump aura beaucoup plus de difficultés à faire plier le peuple coréen.

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-coree-du-nord-un-etat-198961