La réunion à Sotchi d’une conférence-clef des dirigeants des secteurs militaires et industriels de défense avec le président Poutine et le Vice-Premier ministre, chargé de l’industrie d’armement, Dmitri Rogozine, a eu un certain écho dans les différents canaux et domaines de la communication dans le bloc-BAO. Partout, cette réunion, et les déclarations qui l’accompagnent, sont bel et bien interprétées comme une sorte e répétition d’une mobilisation de guerre de toute l’industrie (publique et privée) en cas de guerre du plus haut niveau, – guerre conventionnelle totale, avec ou non une composante nucléaire.
Il semble que ce soit surtout la presse britannique qui se soit attachée à l’information, avec à l’esprit, ou disons dans l’esprit du discours récent de Theresa May, le plus violemment antirusse qu’on ait entendu de la part d’un chef de gouvernement du bloc. The Independent a écrit à ce propos dans l’article qu’il consacre justement à cette réunion sur la mobilisation de l’industrie russe, sur le ton de la dérision et de la diffamation primaire (nommer une émission de satire politique “émission de propagande” est un bon exemple primaire) qui est un des styles utilisés pour aborder le comportement de la Russie tel qu’il est rapporté selon les recettes de la presseSystème :
« Lundi dernier, le Premier ministre britannique Theresa May a déclaré que le Royaume-Uni entendait riposter pour contrer “l’hostilité de la Russie”. Elle a notamment déclaré, s’adressant aux Russes : “Nous savons ce que vous faites”. La Russie a fait une réponse typiquement diplomatique en faisant de Mme May la vedette principale de la fameuse émission de propagande Vesti Nedeli, dimanche. Le présentateur Dmitri Kiselev a tenu des propos les plus désobligeants : “[Theresa May] a prononcé son discours antirusse le plus agressif à ce jour – mais seulement pour dissimuler la blancheur de sa chair fatiguée”. »
Pour avoir une bonne synthèse des déclarations de Poutine lors la réunion de Sotchi, qui a suivi le sommet dans cette ville avec les dirigeants iranien et turc, on se reportera finalement au site WSWS.org. Bien qu’opposé à la Russie comme il est opposé à peu près à tout ce qui est structuré selon les exigences et la posture de la IVème International trotskiste, ce site se montre depuis quelques temps plus compréhensif pour la position russe, distinguant parfaitement d’où vient objectivement l’agression. D’une certaine façon, on lit même dans les articles de WSWS.org, et particulièrement celui qu’on cite ici, derrière le torrent de vitupérations habituelles contre certaines pratiques de la Russie, une certaine critique indirecte de Poutine pour ce qui serait sa mollesse coupable, pour ne pas riposter avec assez de fermeté à l’agression américaniste-occidentaliste.
…Car si la Russie annonce publiquement des mesures de préparation à une mobilisation de guerre de l’industrie et de l’économie, c’est après tout parce que l’OTAN, les USA et le reste, – bref, le boc BAO, – le fait depuis longtemps d’une façon dissimulée, rappelle furieusement WSWS.org. On admettra que cette furieuse critique trotskiste, avec les habituels clichés et les sornettes doctrinales courantes, constituent par-dessus tout, selon une ironie incapable de faire sourire un trotskiste, une dénonciation indirecte et imparable des pressions agressives du bloc-BAO contre la Russie.
« La crise révélée par l’appel de Poutine à préparer la Russie à une guerre totale est le résultat de ces décennies de guerres brutales menées par les puissances de l’OTAN dans le monde entier. Les tentatives de l’impérialisme américain d’utiliser sa puissance militaire pour compenser son déclin économique et canaliser les tensions de classe provoquées par le chômage croissant et la privation sociale, dans laquelle Washington a été encouragé par ses alliés européens, ont amené le monde à un holocauste nucléaire. […]
» Vues de Moscou, les menaces d’une action militaire agressive menée par l’impérialisme américain autour de la planète ressemblent à un nœud coulant autour de la Russie… […] La politique du Kremlin, enracinée dans le nationalisme russe en faillite de l’oligarchie capitaliste post-soviétique, est réactionnaire et incapable de s’opposer à la pulsion de guerre impérialiste. Incapable de faire appel au sentiment anti-guerre dans la classe ouvrière internationale, et dépendant financièrement des centres impérialistes, le Kremlin oscille entre essayer de conclure des accords avec les puissances de l’OTAN et risquer une confrontation militaire totale avec eux. Les stratèges s’attendent clairement à ce qu’un tel conflit dégénère rapidement en une guerre nucléaire à grande échelle menaçant la survie même de l’humanité. »
On en vient maintenant à l’objet du délit, qui est cette “déclaration de travail” solennelle faite par Poutine aux principaux dirigeants de l’ensemble militaro-industriel pour réaliser très rapidement un programme d’application immédiate de transformation de l’économie du pays en une économie de guerre, particulièrement au niveau de la production, en cas de conflit. Comme l’explique le texte, ces instructions ne constituent nullement un cadre théorique mais un programme d’action immédiatement applicable, à la suite des enseignements des manœuvres de septembre, dite Zapad 2017, dont il s’avère qu’elles impliquaient une importante composante portant justement sur des mesures de mobilisation (rappel de réservistes, transfert de la production civile à la production militaire dans diverses industries, transferts pour adaptation de matériels civils de transport à des fonctions militaires, etc.)…
Pour lire la suite de cet excellent article, cliquer sur : http://www.dedefensa.org/article/la-mobilisation-nest-pas-tout-a-fait-la-guerre
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