La Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (Ican), lauréate du Nobel de la paix 2017, a appelé dimanche les États possédant la bombe atomique à signer le Traité d’interdiction des armes nucléaires de l’Onu.
L’Ican, une fédération de près de 500 organisations non gouvernementales (ONG) qui luttent contre la prolifération nucléaire, a obtenu l’adoption de ce traité en juillet dernier par 122 pays. Le but de ce texte est de renforcer le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) entré en vigueur en 1970.
Très peu d’États ont ratifié le nouveau traité, qui a été boycotté par les États-Unis, la France ou le Royaume-Uni, puissances nucléaires, même si beaucoup l’ont signé. Pour entrer en vigueur, il doit être ratifié par 50 États.
Lors de la remise du prix Nobel, Beatrice Fihn, directrice exécutive de l’Ican, a appelé les puissances nucléaires à adhérer au traité.
« Cela donne un choix. Un choix entre deux résultats : la fin des armes nucléaires ou notre fin à nous« , a-t-elle déclaré lors de la cérémonie, à Oslo.
« Que les États-Unis choisissent la liberté plutôt que la peur. Que la Russie choisisse le désarmement plutôt que la destruction. Que la Grande-Bretagne préfère l’État de droit à l’oppression« , a-t-elle poursuivi, invitant France, Chine, Inde, Pakistan, Corée du Nord et Israël à faire de même.
SILHOUETTES FANTOMATIQUES
« Un moment de panique ou de négligence, un commentaire mal interprété ou un ego meurtri pourraient facilement nous conduire inévitablement à la destruction de villes entières« , a ajouté Beatrice Fihn. « Une escalade militaire calculée pourrait déboucher sur le meurtre massif de civils. »
Beatrice Fihn a prononcé son discours de remerciement en présence de Setsuko Thurlow, qui a survécu au bombardement atomique d’Hiroshima à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et qui s’est mise au service de l’Ican.
Écolière à l’époque, cette survivante, qui est âgée de 85 ans, s’est remémorée dimanche une partie de ses terribles souvenirs du 6 août 1945. La plupart de ses camarades de classe ont été brûlées vives.
Elle a évoqué le défilé de « silhouettes fantomatiques » des blessés qu’elle a croisés.
« Certaines parties de leurs corps avaient disparu. La chair et la peau pendaient sur leurs os. Certains avaient leurs yeux qui pendaient dans leurs mains. D’autres (…) avaient leurs intestins qui pendaient à l’extérieur. L’air était rempli d’une odeur atroce de chair humaine brûlée.«
Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont envoyé des diplomates de second rang à la cérémonie.
« C’est une sorte de protestation contre le prix Nobel de la paix« , avait déclaré fin novembre à Reuters Beatrice Fihn.
Article de Gwladys Fouche, (Danielle Rouquié pour le service français)
https://fr.news.yahoo.com/le-laur%C3%A9at-du-nobel-la-paix-apostrophe-les-130527271.html
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