50 000 étaient bretons à Moruroa, en Algérie, pour les essais nucléaires. Ils étaient partis confiants, dans la technologie et la hiérarchie militaire, que ce soient dans le désert, puis sur l’atoll du Pacifique, un rêve devenu un cauchemar.
150 000 personnels civils et militaires ont participé aux essais nucléaires. Les traces laissées dans le désert s’appellent des taches de léopard, des barils entourés de fils de fer barbelés se déplacent au gré des tempêtes de sable. On retrouve des squelettes d’animaux dans des cages, utilisés comme cobayes, des laboratoires souterrains…
Larbi Benchiha a commencé en 2006 ce travail de mémoire après avoir effectué un reportage sur les vétérans des essais nucléaires dans le Pacifique à Brest. En se moquant gentiment de lui, l’un des vétérans lui avait dit : «tu es algérien et tu ne connais pas cette histoire ? Il est temps de t’y intéresser».
Et depuis le réalisateur sillonne l’Algérie, recueille des témoignages, va sur le terrain, interroge les Touaregs qui ont gardé la mémoire d’un nuage resté au-dessus de l’oasis pendant des jours, chassé par des machines soufflantes emmenées jusque-là. Un membre de chaque famille avait subi des analyses, mais ils n’ont pas eu de résultats. Et aujourd’hui des enfants ont des malformations, des problèmes de thyroïde,…
Car le nucléaire dure. Dix-neuf générations pour les conséquences héréditaires, quatre milliards et demie d’années pour la radioactivité. À l’indépendance de l’Algérie, les derniers essais sont effectués par les Français qui vont alors faire d’autres essais.
Des bureaux, des infrastructures s’installent sur l’atoll, on se baigne, fait du ski nautique, on assiste en maillots de bain aux essais : «c »était tellement beau». Mais au retour sur le continent, les pathologies se multiplient, et les cancers aussi.
C’est un film nécessaire qu’a effectué ce réalisateur. Il continue sa série. Après «De Gaulle et la bombe», puis «Bons baisers de Moruroa», c’est au tour de l’uranium en France qui est à l’origine de cette industrie nucléaire et civile, car l’une nourrit l’autre, d’être abordé dans son prochain film qui sortira au cours de l’année 2018.
«Bons baisers de Moruroa» sera projeté au cinéma la Bobine en présence de son réalisateur, à Quimperlé le mardi 16 Janvier à 20h30. Les vétérans sont chaleureusement invités à témoigner.
Pour tout contact : 06 79 14 96 87
https://abp.bzh/50-000-etaient-bretons-a-moruroa-en-algerie-pour-les-essais-nucleaires-44035
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