Dans son discours annuel, le président Russe Vladimir Poutine a présenté de nouvelles armes nucléaires intercontinentales qu’il a qualifiées d' »indestructibles ». Implicitement visé, Washington refuse de se laisser impressionner.
Quelques jours à peine avant l’élection présidentielle russe, Vladimir Poutine a présenté le 1er mars 2018 au cours de son discours annuel une nouvelle gamme de missiles nucléaires, qualifiés « d’indestructibles » et capables de frapper n’importe quel point du globe. Le président Russe a pu s’appuyer sur des vidéos et des images de synthèse particulièrement martiales (voir vidéo plus bas). Une attaque nucléaire contre un allié de Moscou, a-t-il averti, sera considérée comme une attaque contre la Russie elle-même et entraînera une riposte immédiate. « Ils n’ont pas réussi à freiner la Russie », a lancé Vladimir Poutine à propos des Occidentaux. « Ils doivent maintenant tenir compte d’une nouvelle réalité et comprendre que tout ce que je dis aujourd’hui, ce n’est pas du bluff. »
Nouveau missile intercontinental et drones nucléaires sous-marins
À dix-sept jours d’une élection présidentielle qu’il est assuré de remporter, le président russe a dévoilé de nouveaux types de missiles qui, selon lui, sont indestructibles et peuvent frapper partout dans le monde. Il a notamment présenté au cours de son allocution un nouveau missile intercontinental à capacité nucléaire, de petites ogives nucléaires qui peuvent équiper des missiles de croisière, des drones nucléaires sous-marins, un missile supersonique et enfin une arme laser.
DISSUASION.
Ce nouvel arsenal, a ajouté le président russe, rend totalement inutile le renforcement de l’Otan aux frontières de la Russie ainsi que le bouclier antimissile américain. « J’espère que tout ce que je dis aujourd’hui calmera tout agresseur potentiel », a-t-il déclaré dans son discours. « Les mesures inamicales prises contre la Russie, comme le déploiement du système antimissile (américain) ou celui d’infrastructures de l’Otan toujours plus près de nos frontières, deviennent sans effet d’un point de vue militaire. » Malgré ce discours martial, il a souligné que la doctrine nucléaire russe était purement défensive et que son pays ne frapperait jamais le premier.
Sur l’écran, des missiles plongent vers un territoire ressemblant à la Floride
Sur l’une des animations projetées sur un écran géant pendant son discours, également visibles à 0:44 sur la vidéo ci-dessus, on voit des missiles plonger sur un territoire ressemblant à la Floride, ce que le département d’État à Washington n’a guère apprécié, parlant d’une vidéo « regrettable » ne cadrant pas avec « le comportement d’un acteur international responsable ».
TRAITÉ NUCLÉAIRE.
Sur le fond, Heather Nauert, la porte-parole du département d’État, a indiqué que le discours de Poutine, suivi avec « grand intérêt », confirmait que la Russie mettait au point des armes en contradiction avec ses obligations liées au Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire. Au Pentagone, la porte-parole Dana White a souligné que l’intervention du président russe ne constituait pas une surprise. « Les armes qui ont été évoquées sont en développement depuis très longtemps », a-t-elle dit.
Les Américains doivent-ils s’inquiéter ?
Comment faut-il recevoir une telle démonstration de force ? Certains experts américains, comme William Courtney, du centre de recherche Rand Corporation, estiment que le président Russe a « exagéré certaines des capacités » du nouvel armement russe. La Russie « met très activement en œuvre un programme de modernisation nucléaire », a indiqué cet ancien diplomate spécialiste de la Russie. « Mais l’idée qu’un missile de croisière volant à basse altitude puisse survoler la moitié de la planète, tout en étant furtif, c’est une exagération ».
MENACE.
Un avis partagé par Hans Kristensen, de la Federation of American Scientists. « L’arme ‘invincible’ est un missile intercontinental terrestre doté d’une tête nucléaire« , a tweeté cet expert des armes nucléaires. « Il est à un stade de développement initial et ce n’est pas encore une arme », estime-t-il. Le mini-submersible est plus « sérieux », « il représente une menace pour les zones côtières et les porte-avions », mais « il y a des défenses contre les torpilles », selon William Courtney.
Les Américains ne peuvent intercepter tous les missiles
Mais malgré les assurances du Pentagone, les États-Unis sont loin de pouvoir intercepter tous les missiles susceptibles d’être lancés contre leur territoire, une réalité qu’ils acceptent depuis la Guerre Froide. Les militaires américains ont remporté quelques succès en développant des intercepteurs capables de stopper un ou deux missiles lancés par un « pays voyou » comme la Corée du Nord, mais ils ne pourraient pas se protéger d’un barrage de missiles tirés par la Russie ou la Chine, qui déclencherait la « destruction mutuelle assurée » des deux pays, selon la formule consacrée pendant la Guerre Froide.
ÉLECTION.
Pour Kristensen, au-delà des « fanfaronnades » de Vladimir Poutine, ces propos « révèlent une personne consciente de l’approche de l’élection présidentielle ». « Il y a de l’exagération, mais il a essayé de profiter du nationalisme russe pour renforcer sa base électorale et aussi pour envoyer un signal aux États-Unis », pense le directeur du projet d’information nucléaire de la Federation of American Scientists.
S.S. avec Reuters et AFP
Retrouvez ce texte et une vidéo de 1mn47s sur :
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