Le 19 mars dernier s’est ouvert le débat public sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (la PPE), cette feuille de route qui fixe la politique énergétique de la France jusqu’en 2023.
La PPE doit mettre en œuvre les objectifs de la loi de transition énergétique adoptée en 2015 : réduire les émissions de gaz à effet de serre, réduire la consommation d’énergie, augmenter la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique, faire baisser la part du nucléaire dans la production d’électricité.
Évaluer les coûts du nucléaire
Dans ce débat public sur la PPE, il sera notamment question de l’évaluation des coûts du nucléaire. Si ce sujet a été abordé à maintes reprises, le débat de la PPE aborde cette question par une confrontation inédite et directe entre deux modalités de calcul des coûts, ce qui pourrait venir alimenter un des arbitrages importants que devra rendre la PPE : à savoir, le prolongement des centrales nucléaires ou la fermeture de certaines d’entre elles.
Le site Internet de la PPE donne accès à deux évaluations de ces coûts : celles produites par la Cour des comptes en 2014 et 2016 et un document rédigé par la Société française d’énergie nucléaire.
Ce ne sont pas les seules expertises existantes : nous pourrions ajouter le rapport de la Commission d’enquête parlementaire dirigée par François Brottes et Denis Baupin, publié en 2014 ; ainsi que le rapport réalisé la même année par le cabinet WISE pour l’ONG Greenpeace.
L’enjeu de l’objectivation des coûts
Le débat sur l’industrie nucléaire a toujours porté à la fois sur la sécurité et sur la compétitivité par rapport aux autres sources d’énergie. Depuis la fin des années 1990, l’argument de la compétitivité relative du nucléaire est présenté comme la clé de voûte du soutien d’une large partie de l’opinion publique en France.
La diversité dans l’évaluation des coûts provient essentiellement des éléments qui sont pris en compte dans le calcul et de la difficulté d’anticiper des coûts à venir et non de la crédibilité des informations données par les entreprises du secteur.
Auteurs
- Thomas Reverdy , Maître de conférences HDR en sociologie, Institut polytechnique de Grenoble (Grenoble INP)
- Frédéric Marty , Chargé de recherche en droit, économie et gestion, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
Déclaration d’intérêts
. Thomas Reverdy a reçu des financements dans le cadre du programme NEEDS (Nucléaire, énergie, environnement, déchets, société) coordonné par le CNRS. Par ailleurs, il réalise des analyses organisationnelles sur le pilotage de projets industriels dans plusieurs entreprises du secteur de l’énergie et des transports.
. Frédéric Marty a reçu des financements dans le cadre du programme NEEDS (Nucléaire, énergie, environnement, déchets, société) coordonné par le CNRS.
https://theconversation.com/prolongement-des-centrales-nucleaires-comment-se-calculent-les-couts-93885
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