GENÈVE NE VEUT PAS DES DEUX NOUVEAUX RÉACTEURS DE LA CENTRALE DU BUGEY

L’annonce de l’installation de deux nouveaux réacteurs dans la centrale du Bugey (Ain), à moins de 100 kilomètres de Genève, réveille un conflit latent entre le canton et la politique énergétique française.

Une lettre a mis le feu aux poudres

Le 12 septembre dernier, Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, et Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, s’adressaient à Jean-Bernard Lévy, président-directeur-général d’EDF, concernant un projet de construction de trois paires de réacteurs nucléaires, sur trois sites différents. L’un d’eux à la centrale du Bugey (Ain). Jean Deguerry, président du Département, y voit un « plus » pour la région et avait déclaré en décembre dernier : « Ce n’est nullement incompatible avec la promotion de l’énergie nucléaire qui est décarbonée et qui nous permet in fine, d’afficher un prix de l’électricité raisonnable en France. »

Dans le canton de Genève fleurissent des panneaux contre l’installation de deux nouveaux réacteurs dans le Bugey.

Autre son de cloche du côté genevois

Antonio Hodgers, président du gouvernement genevois, s’est dit très surpris par cette annonce, n’ayant reçu aucune communication de ses homologues, côté français. Or, depuis plusieurs années, persiste une crainte du canton en raison de la proximité avec la centrale du Bugey et des risques d’accidents. « Il existe une obligation constitutionnelle à s’opposer à la construction de ces deux nouveaux réacteurs », a prévenu Antonio Hodgers.

La pertinence économique du projet mise en doute

«  Il faut déjà que la France arrive à terminer un EPR avant de vouloir en mettre en route toute une série », a critiqué Christian vanSinger, porte-parole de l’association Sortir du nucléaire – Suisse romande. D’après une étude suisse, un accident nucléaire à la centrale du Bugey entraînerait plus de 100 000 victimes de radiations en Suisse et en France voisine. Il y a donc une mise en danger d’autrui et un risque de pollution des eaux. C’est pourquoi, il y a près de quatre ans, une plainte pénale avait déjà été déposée contre X par les autorités genevoises, représentées par l’avocate et ancienne ministre française Corinne Lepage. Mais elle n’a pas abouti. Le canton et la ville ne vont certainement pas tarder à entamer une nouvelle procédure contestant le lieu choisi pour la construction des deux réacteurs nouvelle génération.

Le conflit contre la centrale du Bugey en bref:

Situation géographique de la centrale du Bugey, Saint-Vulbas (Ain) : à 75 km de Genève, 35 km de Lyon, 79 km de Grenoble.

Réacteur européen à eau pressurisée EPR ( Evolutionar Power Reactor) : réacteur nucléaire de troisième génération (classification internationale 1990).

2012 : art. 169 de la nouvelle Constitution genevoise : « Les autorités cantonales doivent s’opposer par tous les moyens aux installations de centrales nucléaires ».

2016 : plainte pénale déposée par le canton et le Ville de Genève, classée en 2017 par le parquet du Tribunal de grande instance de Paris.

2018 : deuxième plainte pénale déposée.

Par Jacqueline Schmitz, publié le 20/01/2020 à 17:08

Photo en titre : Le réacteur 2 de la centrale du Bugey a été arrêté en juillet dernier suite à un problème de maintenance ©DRK

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