Depuis les années soixante, la centrale nucléaire de Saint-Laurent-Nouan a contribué au développement de la ville, tout en suscitant son lot de critiques.
Le moins que l’on puisse dire, que l’on y soit favorable ou non, c’est que la centrale nucléaire de Saint-Laurent-Nouan a eu un fort impact local depuis le début de sa construction, en 1963. Et pour cause : on n’installe pas ce mastodonte dans la plus grande discrétion.
Explosion démographique
En 2020, ce sont près de 1.000 personnes (salariés et prestataires) qui travaillent sur le site de Saint-Laurent. Et la centrale, qui s’étend sur 60 hectares, couvre, selon EDF, les deux tiers des besoins en électricité de la région Centre-Val de Loire.
« Elle a permis de développer la ville démographiquement et économiquement », analyse Michel Laurent, maire fraîchement élu de Saint-Laurent-Nouan. « On a aujourd’hui 80 associations, un centre aquatique très moderne, et des impôts locaux très bas. Pour une commune de notre taille, c’est beaucoup, et ça nous rend plus attractif. »
C’est peu dire que la ville s’est étendue depuis l’installation de la centrale. Alors qu’elle comptait en 1962 moins d’un millier d’habitants, ils sont, 60 ans (et une fusion avec Nouan-sur-Loire) plus tard, près de 4.500 à vivre à Saint-Laurent-Nouan.
Difficile aussi de parler de la centrale sans parler des accidents ayant eu lieu dans ses murs en 1969 et 1980. Les deux plus graves à n’avoir jamais eu lieu sur le territoire français, classés 4 (sur 7) sur l’échelle internationale des événements nucléaires.
De ces incidents, Bernard Sautenet se souvient surtout du premier. Entré à la centrale « un peu par hasard » en 1965, il était d’astreinte le 17 octobre 1969. La veille, l’organisation avait été perturbée par la venue du chef de l’État, le général de Gaulle.
Vers 2 h du matin, un coup de téléphone le sort de son sommeil : « J’ai eu au bout du fil les techniciens qui avaient mal interprété une panne. J’ai entendu l’arrêt du réacteur au téléphone. Quand je suis allé à la centrale, c’était déjà trop tard. »
La cause de cet accident ? « Une succession d’erreurs techniques et de programmations », selon Bernard Sautenet, ayant entraîné la fusion de 50 kilos d’uranium. Il aura fallu près deux ans de filtration pour nettoyer le réacteur.
Du plutonium rejeté dans la Loire
En 1980, rebelote, nouvelle fusion dans le réacteur, de 20 kilos d’uranium cette fois-ci. Mais c’est en 2015 que l’accident a le plus fait parler de lui. Dans un reportage de l’émission de Canal + Spécial investigation, Marcel Boiteux, président d’EDF de 1979 à 1987, a reconnu que du plutonium avait été déversé dans la Loire 35 ans plus tôt.
Des déchets qui ont fait jaser dans les plus hautes sphères de l’État, même s’ils étaient d’une quantité minime. Michel Eimer, à l’époque vice-président de la commission locale d’information auprès du CNPE Saint-Laurent, expliquait dans nos colonnes en mai 2015 que seul 0,3 gramme de plutonium avait été déversé. Nous voilà rassurés.
Repères
. Les deux premières unités de production de la centrale appelées Saint-Laurent A1 et Saint-Laurent A2, de type UNGG (Uranium naturel graphite gaz), ont été mis en service en 1969 et 1971. Arrêtées en 1990 et 1992, elles sont toujours en déconstruction aujourd’hui.
. Depuis 1981, deux réacteurs de type REP (Réacteur à eau pressurisée) tournent à plein régime, produisant près de 12 milliards de kWh par an. C’est de leur circuit de refroidissement que s’échappe la vapeur d’eau, visible à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde dans le Loir-et-Cher.
. Avec 56 réacteurs nucléaires pour un peu moins de 70 millions de Français, la France est le premier pays au monde en nombre de réacteurs par habitant.
Publié le 06/09/2020 à 06h25, mis à jour le 06/09/2020 à 09h06
Photo en titre : Depuis son installation dans les années soixante, la centrale nucléaire a fortement modifié le paysage local. © (Photo archives NR)
https://www.lanouvellerepublique.fr/loir-et-cher/commune/saint-laurent-nouan/a-saint-laurent-la-centrale-fait-partie-du-paysage
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