NUCLÉAIRE : EDF FLAMANVILLE RESTE EN SURVEILLANCE RENFORCÉE

Pour EDF Flamanville, le couplage au réseau du réacteur numéro 2 est prévu le 31 octobre. Mais le redémarrage du réacteur 1 est repoussé au 15 décembre. Soit 1010 jours d’arrêt !

Mercredi 23 septembre, lors de la première réunion depuis le confinement de la commission locale d’information de Flamanville, le directeur de la centrale EDF Patrice Gosset a reconnu que « nous avons encore beaucoup de travail sur le réacteur 1. »

« Son retour en production au 31 octobre est irréaliste, et nous avons reporté l’échéance au 15 décembre. Nous maintenons en revanche un couplage au réseau du réacteur numéro 2 pour le 31 octobre. »

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Plus de 965 jours d’arrêt

Le réacteur numéro 1 est à l’arrêt depuis un an, après la découverte de corrosion sur les supports des diesels et au niveau des circuits de pompage d’eau de mer.

Le réacteur numéro 2, lui, est en visite décennale depuis le 10 janvier 2019.

« Au 31 octobre, cela représentera pour les deux tranches un cumul de 965 jours d’arrêt, plus 45 d’ici mi-décembre pour le réacteur 2 », calcule Guy Vatel, pour l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest.

« À un million d’euros par jour d’arrêt… »

Les problèmes, il est vrai, se sont accumulés. Et quand un problème était découvert sur une tranche, il a souvent fallu intervenir sur la deuxième.

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13 événements de niveau 1

La CLI a d’ailleurs passé en revue les incidents significatifs survenus sur les deux chantiers depuis le début de l’année.

Cela avait commencé le 9 janvier avec la déclaration d’un débordement de la cuve et l’écoulement de 15 m3 d’eau radioactive jusque dans les puisards du réacteur numéro 2.

Le dernier date du 2 septembre avec le démarrage des protections du même réacteur, à l’occasion de contrôles de continuité électrique sur le système d’instrumentation. Il avait fallu couper des circuits pour réaliser ces contrôles, mais une alarme associée à l’arrêt automatique du réacteur, avec une montée du niveau d’eau dans le circuit primaire…

Valérie Nouvel, la présidente de la CLI, ne cache pas l’inquiétude de la commission :

Il y a déjà eu treize événements de niveau 1 cette année, contre cinq l’an passé. On a le sentiment qu’il y avait besoin d’une telle accumulation pour renforcer la démarche de rigueur. « Un peu comme si on avait soulevé le tapis… »

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Pas révélateur…

Même constat pour les associations.

« J’essaie d’adhérer au discours optimiste d’EDF. Vous avez hérité, c’est vrai, d’une situation dégradée. Mais le réacteur numéro 1 sort de sa visite décennale : il devrait être nickel », relève Yannick Rousselet, chargé des questions nucléaires pour Greenpeace.

« Le nombre d’événements n’est pas le témoin du niveau de sûreté d’une centrale », tempère Adrien Manchon, le responsable de l’antenne de Caen de l’Autorité de sûreté nucléaire.

« Nous avons depuis longtemps pointé cette situation. Nous contrôlons par sondages », explique-t-il. « Mais il y avait à Flamanville des écarts que l’on ne retrouvait pas dans d’autres centrales, ce qui nous a poussés à placer le site sous surveillance renforcée. Et cette mesure n’est pas levée. »

La surveillance renforcée maintenue

Le directeur de la centrale Patrice Gosset préfère voir la coupe à moitié pleine. « Ces événements sont pour moi la traduction concrète de notre progression. Depuis fin 2019, dans le cadre du plan d’actions validé par l’ASN, nous avons vérifié 17 000 objets. En matière de retards de maintenance, nous avons résorbé le passif », fait-il valoir.

« Notre leitmotiv, c’est de faire bien avant de faire vite. Nous avons réalisé des travaux d’ampleur, la machine est plus fiable, les équipes mobilisées et rigoureuses. »

Ce que reconnaît l’ASN : « Il y avait à Flamanville beaucoup d’anomalies matérielles et de maîtrise des activités de maintenance. L’exploitant mène un travail en profondeur. »

« Le site n’était pas à la hauteur », confiait Philippe Gosset en mars dernier.

« La progression est constante, même si nous pouvons encore trébucher », apprécie-t-il aujourd’hui.

Publié le 24 Sep 20 à 17h19

Photo en titre : Mi-août, 193 assemblages de combustibles ont été chargés dans le réacteur numéro 2 de la centrale de Flamanville et la cuve a été fermée le 30. Il devrait redémarrer pour un couplage au réseau annoncé le 31 octobre. Pour le réacteur 1, l’échéance a été reportée au 15 décembre. (©La Presse de la Manche)

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