Pour Israël, Mohsen Fakhrizadeh était le père du programme iranien d’armement nucléaire. Son assassinat intervient moins de deux mois avant l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche.
Mohsen Fakhrizadeh, un scientifique iranien travaillant dans le domaine nucléaire, a été assassiné, vendredi 27 novembre, dans les faubourgs de Téhéran. Blessé par balles alors qu’il se trouvait au volant de sa voiture, le chercheur a succombé à l’hôpital. L’attaque n’a pas été revendiquée, mais sur Twitter, Mohammad Javad Zarif, ministre des affaires étrangères iranien, a aussitôt accusé Israël :
« Des terroristes ont assassiné aujourd’hui un éminent scientifique iranien. Cette lâcheté – avec des indications sérieuses du rôle d’Israël – montre le bellicisme désespéré de ses auteurs. »
Le chef de la diplomatie a également appelé la communauté internationale à « mettre un terme à ses honteuses positions ambivalentes et à condamner cet acte terroriste ».
Le ministère de la défense avait peu avant identifié la victime comme étant Mohsen Fakhrizadeh, chef du département recherche et innovation du ministère. Il a été « gravement blessé » lorsque sa voiture a été prise pour cible par plusieurs assaillants, qui ont en retour été pris à partie par l’équipe de sécurité du scientifique, avait déclaré le ministère, ajoutant que l’équipe médicale n’était pas parvenue à le réanimer.
Plusieurs médias locaux, dont les agences de presse Tasnim et Fars, avaient plus tôt rapporté une tentative d’assassinat contre le scientifique dans la ville d’Absard, à l’est de la capitale iranienne. « Des terroristes ont fait exploser une voiture avant de tirer sur la voiture de M. Fakhrizadeh », avaient-elles indiqué.
Présenté comme le père du programme nucléaire
Mohsen Fakhrizadeh était l’unique scientifique iranien nommément désigné dans « l’évaluation finale » sur le programme nucléaire iranien que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a remis en 2015, qui évoquait aussi les projets du plan AMAD.
Le gouvernement israélien considère que le plan AMAD, abandonné en 2003, avait pour but d’acquérir l’arme atomique et il affirme s’être procuré une grande partie des « archives » nucléaires iraniennes à ce sujet. « Souvenez-vous de ce nom, Fakhrizadeh », avait déclaré le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, dans le discours prononcé en 2018 au cours duquel il avait révélé l’existence de documents. Malgré l’arrêt du plan AMAD, Mohsen Fakhrizadeh a continué à travailler à des « projets spéciaux » pour le compte du ministère de la défense iranien, avait-il ajouté.
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Sur Twitter, le président Donald Trump a aussitôt relayé les informations concernant cet assassinat qui intervient moins de deux mois avant l’arrivée à la Maison Blanche du démocrate Joe Biden, président élu à l’élection du 3 novembre aux États-Unis.
Biden entend changer de posture vis-à-vis de l’Iran après les quatre années de présidence du républicain Donald Trump, qui s’est retiré de l’accord avec les grandes puissances signé à Vienne en 2015 portant sur le programme nucléaire de Téhéran. Les États-Unis ont ensuite rétabli puis renforcé les sanctions visant l’Iran.
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Par Le Monde avec AFP, AP et Reuters, publié le 27 novembre 2020 à 18h01
Photo en titre : La voiture de Mohsen Fakhrizadeh, après l’attaque dont il a été la cible, le 27 novembre 2020. AP
https://www.lemonde.fr/international/article/2020/11/27/teheran-accuse-israel-de-l-assassinat-d-un-responsable-du-programme-nucleaire-iranien_6061406_3210.html
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