EPR DE FLAMANVILLE : DES GROUPES ANTINUCLÉAIRES DEMANDENT À EDF DE NE PAS CHARGER LE RÉACTEUR

Après la révélation sur l’incident sur un réacteur EPR en Chine, des groupes antinucléaires demandent à EDF de ne pas charger le réacteur de Flamanville (Manche).

Alors que le dernier convoi de livraison de combustible nucléaire a été livré à Flamanville (Manche) cette semaine, cinq organisations, l’Acro, le Crépan, le Crilan, Europe Écologie-Les Verts et Greenpeace, demandent à EDF de ne pas charger le réacteur EPR de Flamanville, le même que celui de Taïshan.

Lundi 21 juin, la chaîne américaine CNN a en effet révélé un incident sur le réacteur EPR numéro 1 de la centrale nucléaire de Taïshan en Chine. Le même jour, EDF, actionnaire à 30 % de TNPJVC, l’exploitant de cette centrale, a indiqué avoir été informé de l’augmentation de la concentration de certains gaz rares dans le circuit primaire du réacteur n° 1.

« Cette présence est un phénomène connu, étudié et prévu par les procédures d’exploitation des réacteurs », explique EDF, qui a néanmoins demandé la tenue d’un conseil d’administration extraordinaire de TPNJVC (Taishan Nuclear Power Joint Venture Company Limited) « pour que le management présente l’ensemble des données et les décisions nécessaires ».

Rupture des gaines du combustible

« Si les événements en cours sur le site chinois, dans l’état actuel de nos informations, semblent se limiter à des ruptures de gaines de crayons combustibles (environ cinq selon les autorités chinoises) ayant amené à une contamination du circuit primaire, la question des rejets « contrôlés » au seuil relevé pour la circonstance reste à préciser. » dixit les cinq organisations.

Ces combustibles sont fabriqués, comme pour Flamanville, par l’usine Framatome de Romans-sur-Isère (Drôme).

TPNJVC a décidé de laisser le réacteur fonctionner, a priori, jusqu’à l’arrêt programmé en février 2022, « ouvrant la voie à l’augmentation permanente de la radioactivité de l’eau du circuit primaire et l’augmentation des gaz dans les cuves de rétention avant rejets. Les taux de contamination relevés dans le circuit auraient amené EDF dans un pareil cas à arrêter le réacteur depuis longtemps » observent-elles.

Pour elles, si cet incident semble avoir des conséquences limitées, « ces ruptures de gaines pourraient amener à un mauvais refroidissement et à un accident beaucoup plus grave ».

Des anomalies constatées par l’ASN

« Ce qu’il faut faire maintenant, c’est étudier et comprendre le phénomène qui a pu générer ces ruptures dans un réacteur neuf. Les leçons doivent être tirées pour Flamanville, Hinckley Point et Olkiluoto. »

Trois causes sont évoquées : un problème de qualité des assemblages combustibles, un corps migrant dans le réacteur ayant provoqué des dégâts ou encore, « plus grave encore », un problème de conception de l’EPR.

Très récemment, lors de son audition au Sénat, le président de l’Autorité de sûreté nucléaire Bernard Doroszczuk a indiqué qu’« en Chine, un certain nombre d’anomalies a été relevé sur la distribution de la puissance dans le cœur, appelant des investigations et donc une vigilance particulière de la part d’EDF ».

Pour les organisations antinucléaires, l’EPR de Flamanville, « des études doivent être menées afin de mieux comprendre les événements qui se déroulent en Chine et doivent être présentées en réunion de la CLI de Flamanville ».

Par la Rédaction La Presse de la Manche, publié le 23 Juin 21 à 9h06 

Photo en titre : Les organisations se manifestent après la révélation d’un incident sur un réacteur nucléaire en Chine. (©Jean-Paul BARBIER/ La Presse de la Manche)

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