Face à la menace d’un accident nucléaire « désormais avérée« , Clément Rossignol-Puech, maire de Bègles (Gironde), réclame au président de la République la distribution d’iode.
Qu’elle s’illustre par la prise de contrôle de Tchernobyl par l’armée russe ou par l’incendie de la plus grande centrale nucléaire d’Europe à Zaporijia, la menace d’un accident nucléaire a été ravivée par la guerre en Ukraine.
Y sommes-nous suffisamment préparés en France ? « Absolument pas ! », clame Clément Rossignol-Puech, maire de Bègles (Gironde) et vice-président de la Métropole de Bordeaux.
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Ce 15 mars 2022, il a adressé un courrier au président de la République, l’exhortant à organiser une distribution générale de pastilles d’iode afin d’anticiper un risque qui, selon lui, est « désormais important ».
Actu : Quel serait le rôle des maires en cas d’accident nucléaire ?
Clément Rossignol-Puech : Si cela arrivait, l’État devrait déclencher le plan ORSEC. Ce serait alors aux préfets de donner le feu vert pour la distribution des pastilles d’iode, qui sont aujourd’hui stockées par l’État. Charge ensuite aux maires de les récupérer et d’en organiser la distribution à leurs administrés. Le tout devant être fait en moins de 12 heures.
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Actu : Est-ce réalisable selon vous ?
C.P : Bien sûr que non ! Imaginez que le plan ORSEC soit déclenché en pleine nuit, un dimanche. Je ne vois pas comment moi, en tant que maire, je pourrais m’organiser.
Au regard des récentes difficultés que l’État a eues pour équiper toute la population en masques, en tests et en vaccins, comment pourrait-il fournir 80 millions de comprimés à tous les Français en moins de 12 heures ?
D’autant que nous n’avons jamais eu de réunion d’information sur les modalités de cette distribution. Ni moi, ni aucun autre maire des 36 000 communes du territoire. Tout ceci est très flou…
Actu : Que réclamez-vous au président de la République ?
C.P : Pour anticiper cette menace nucléaire, qui est avérée aujourd’hui, l’État n’a rien fait ! Ils proposent de déclencher une procédure dont nous ne savons rien.
Ce que je souhaite, à titre préventif, c’est que toutes les communes soient logées à la même enseigne que celles qui se trouvent dans un rayon de 20 kilomètres autour d’une centrale nucléaire. Donc que tous les Français aient accès à des comprimés d’iode et à des dépliants expliquant comment et quand les utiliser, et quels bons gestes adopter en matière d’aération notamment…. Car dans les 12 heures du plan ORSEC, outre la distribution, il faudrait également que les maires assurent le travail de pédagogie.
Un défaut de prévention
Actu : Pourquoi cette légèreté dans le protocole selon vous ?
C.P : À mon avis, comme nous sommes dans un pays qui compte parmi les plus nucléarisés au monde, et qu’on souhaite même renforcer le nombre de centrales, on refuse d’inquiéter les populations. Et du coup nous n’en parlons pas. C’est un défaut de prévention.
Actu : Que pouvez-vous dire de qualité des stocks dont nous disposons ?
C.P : Autrefois, c’était les communes qui en étaient responsables. À ce moment-là, à Bègles, par exemple, nous avions 500 comprimés pour une ville de 30 000 habitants et ils étaient périmés. Désormais, c’est le ministère des Armées qui en a la charge au niveau national, donc je n’ai plus de regard dessus. Je pense que l’État doit bien faire son travail.
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Actu : Outre la menace ukrainienne, pensez-vous que la centrale girondine de Blaye représente un danger ?
C.P : Comme sur l’ensemble du parc français, les équipements du département sont vieillissants. Je vous rappelle qu’en 1999, nous ne sommes pas passés loin de l’accident. Avec le nucléaire, même civil, il y a toujours un risque. Selon moi, à ce jour, le risque n’est pas correctement anticipé.
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Par Loraine Dion, (pour Mon actu), publié le 17 mars 2022 à 18h41
Photo en titre : Clément Rossignol-Puech, maire de Bègles. (©Actu.fr)
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